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La prise de distance, gage de réussite de la VAE

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 05.03.2013 | LAURENT GÉRARD

Depuis 2006, L’Opca des salariés des professions libérales a mis au point une VAE dont le jury se tient à distance, ce qui lui semble être un des secrets de la réussite de la validation des acquis dans ces branches.

Près de 2 200 salariés des professions libérales se sont inscrits dans une démarche de VAE depuis 2006 ; 80 % d’entre eux ont accédé à une certification complète et seuls 2,75 % des personnes engagées dans le processus abandonnent ! À quoi attribuer ces résultats saisissants ? « À une démarche construite sur trois concepts : suivi individuel, jury à distance et responsabilité de tous les acteurs via l’accès à la plate-forme de suivi », explique Catherine Bissey, déléguée R & D de l’Opca PL.

Ce qui étonne le plus dans ce triptyque, c’est l’aspect distance. « Cela signifie que le candidat est convoqué au plus près de chez lui, alors que les membres du jury sont réunis à Paris ou ailleurs », explique Catherine Bissey.

Le candidat se présente dans un organisme où il est attendu : il présente sa convocation, sa carte d’identité et est installé dans une pièce, seul, avec un exemplaire de son dossier de preuves et un téléphone. À l’heure prévue, le téléphone sonne, décrit-elle. C’est le jury. L’entretien va durer en moyenne 30 minutes.

« Ce qui était un choix pratique pour développer la VAE est devenu une véritable plus-value du dispositif, poursuit la déléguée de l’Opca. Cette mise à distance, produite par l’échange téléphonique, donne à l’entretien une efficacité particulière. Ce dont il est question, entre les protagonistes, c’est exclusivement l’objet pour lequel est organisé l’échange. Aucun pathos dans cet échange, aucun parasite : on est là pour parler boulot. On se concentre, d’un côté comme de l’autre, sur la volonté de comprendre, de partager, d’expliquer. La distance crée la rencontre ; la distance autorise l’interprétation des faits et des preuves apportées par le candidat. »

Présence d’un “juge de paix”

À cela s’ajoute le fait que les jurys sont constitués de trois membres : un employeur, un salarié exerçant l’activité et titulaire de la certification visée et un troisième acteur qui, lui, n’est absolument pas issu du milieu professionnel mais exerce une activité en analyse du travail, en ingénierie de compétences ou de formation. « Il est notre juge de paix en quelque sorte, commente Catherine Bissey. Il est garant que la distance prise avec l’objet étudié est la bonne. »

Les professions libérales sont certaines de la pertinence de leur choix et comptent accélérer le recours à la VAE, car une enquête* menée auprès de 948 personnes bénéficiaires du financement d’un dossier de VAE par l’Opca PL, entre 2006 et fin 2012, leur a confirmé que la VAE ne traduit pas un désir de quitter son employeur. Selon cette étude, 90 % des répondants sont restés dans l’entreprise dans laquelle ils étaient au moment de leur démarche ; et seulement 44 % d’entre eux ont obtenu une augmentation et/ou des responsabilités nouvelles à la suite de leur démarche VAE. Cela s’explique, assure l’étude, par le fait que le moteur de cette VAE n’est pas fondamentalement l’obtention du diplôme et d’une promotion financière, mais « la quête d’un adoubement ».

Pour preuve : plus de 55 % des répondants déclarent que leur principale motivation était d’être reconnus pour leurs compétences professionnelles : « Obtenir la certification correspondant au poste qu’ils occupent permet de formaliser leur admission dans le cénacle », analyse Catherine Bissey.

Autre preuve : 60 % des répondants avaient au moins un bac au moment de s’engager dans la démarche, or seuls 17 % visaient une certification supérieure au bac.

Cette quête d’un adoubement n’en est pas moins un fort ferment de motivation : 80 % des personnes ont obtenu une validation totale de la certification qu’elles visaient, c’est-à-dire correspondant à l’activité qu’ils exercent.

Plate-forme d’accès

Comment renforcer le recours à la VAE ? En se dotant en 2012 d’e-VAE, une plate-forme d’accès à la VAE pour toutes les professions libérales, construite par leur Opca. Huit certifications y sont accessibles, six branches professionnelles sont connectées. D’autres certifications sont en cours de développement : pour les médecins, pour les experts automobiles, pour les huissiers de justice, pour les pharmaciens d’officine. E-VAE compte plus de 400 inscrits à ce jour.

* Enquête réalisée par mail entre le 4 septembre et le 1er octobre 2012. Le taux de réponses est de 38 %, soit un total de 364 questionnaires renseignés. Près de 98 % des répondants sont des femmes et 2 % des hommes. Leur âge se situe majoritairement entre 40 et 50 ans : 23 % pour les 45-50 ans et 20 % pour les 40-45 ans.

DIX ANS DE VAE

La création de la plate-forme e-VAE conclut dix ans de travaux sur la VAE menés par les professions libérales et l’Opca PL. En novembre 2001, avant la loi de 2002 relative à la VAE, l’Opca PL avait signé une convention avec la DGEFP pour développer un outil d’accompagnement à distance des salariés des cliniques vétérinaires souhaitant s’engager dans une démarche de VAE. En 2003 est née la première plate-forme (ASV@E). Plus de 700 salariés de cabinets vétérinaires l’ont utilisé depuis. Puis les offices notariaux ont créé leur plate-forme ACTAV@E en 2007. Les chirurgiens dentistes, les huissiers de justice, les avocats, les médecins offraient aussi des VAE à leurs salariés. « Face à cette pratique massive, la construction d’une plate-forme commune à toutes les professions libérales de l’Opca PL s’est imposée », explique Philippe Gaertner, président du collecteur.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD