Dans un monde globalisé, la logique économique fondée sur la compétition cherche à imposer son modèle au détriment d’autres valeurs, dont notamment les valeurs de coopération entre les individus et les groupes sociaux. En voulant surmonter les obstacles qui se dressent contre l’enrichissement, l’homo economicus tend à supplanter ces autres formes d’humanité que sont l’homo ethicus et l’homo empathicus qui aspirent à la solidarité. S’appuyant notamment sur une comparaison avec la Rome antique, Daniel Cohen explique comment cette logique compétitive peut précipiter le déclin d’une civilisation puissante.

Dans les pays développés, cette course à l’enrichissement est en train de faire exploser le consensus social obtenu au lendemain de la guerre par un partage raisonnable des fruits de la croissance. Dans les pays récemment gagnés à la logique capitaliste, l’enrichissement est devenu un piètre substitut à la liberté. Partout, la logique du profit génère toujours plus d’inégalités, et l’on voit même dans nos pays réapparaître le spectre de la pauvreté radicale pour une frange toujours plus large d’exclus. Dans le monde du travail, même l’emploi n’est plus intégrateur, car il ne fait plus forcément lien social dès lors que l’égoïsme est érigé comme valeur suprême. L’ironie de l’histoire est qu’à trop solliciter l’intérêt de chacun, les entreprises comme la société finissent par perdre non seulement leur âme mais aussi en efficacité.

Homo Economicus, prophète (égaré) des temps nouveaux

Daniel Cohen, Albin Michel, 224 pages, 17,90 euros.