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Des augmentations malgré la crise

Actualités | publié le : 11.09.2012 | AURORE DOHY, CAROLINE FORNIELES

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Des augmentations malgré la crise

Crédit photo AURORE DOHY, CAROLINE FORNIELES

Le cabinet Aon Hewitt, qui présentait le 6 septembre son étude de rentrée, ne croit pas que les entreprises pratiqueront la rigueur en matière de salaire. Il prévoit des augmentations de 2,9 %, soit un niveau proche d’avant la crise. Une prévision trop optimiste ?

Croissance quasi nulle, succession d’annonces de plans sociaux et de plans de départs volontaires, incertitudes sur l’avenir, hausse des prélèvements, l’année 2013 s’annonce difficile pour l’économie française. Néanmoins, les salariés qui restent en poste ne devraient pas trop souffrir de la crise. C’est en tout cas ce que croit savoir le cabinet Aon Hewitt, qui présentait le 6 septembre sa traditionnelle étude de rentrée sur les salaires : il prévoit des augmentations à 2,9 %, en ligne avec celles accordées en 2012 (+ 2,8 %).

Peu de gel de salaires

Les DRH de 284 entreprises (grosses PME et grands groupes) prévoient d’accorder des augmentations générales de 1,4 % en moyenne, qui couvriront les deux tiers de l’inflation (qui est actuellement à + 1,9 % selon l’Insee). L’enveloppe des augmentations individuelles progresserait de 2,6 %. « Il n’y aura pas de rigueur, commente Vincent Cornet, en charge des activités de conseil en rémunération d’Aon Hewitt. Seules 3 % des entreprises ont prévu de geler les salaires. Les hausses globales annoncées sont comprises entre 2,7 % et 2,9 % pour 2013. Un niveau correct, donc. Pour mémoire, les fourchettes de hausse étaient plutôt de 3,1 % à 3,3 % avant la crise. » Aon Hewitt estime que, malgré le contexte, les entreprises feront un effort pour conserver leur productivité et donc proposer des budgets supérieurs à l’inflation pour toutes les catégories de personnel. « Il faut retenir aussi certains talents sur un marché de l’emploi paradoxalement tendu sur certains métiers qualifiés », rappelle Vincent Cornet.

Cette prévision de hausse de 2,9 % d’Aon Hewitt, proche des niveaux d’avant-crise, n’est-elle pas trop optimiste ? La question se pose alors que la croissance est revue à la baisse dans la zone euro depuis cet été. L’État, qui devra trouver des financements supplémentaires pour équilibrer ses comptes, risque d’augmenter encore les prélèvements pour les entreprises début 2013.

Certains experts jugent cette prévision trop haute. C’est le cas de Laurent Hürstel, directeur associé du cabinet Robert Walters, qui pense que la hausse sera plutôt entre 2,5 % et 2,8 %. L’estimation d’Aon a également surpris certains DRH. « Ils estiment en effet qu’un tel niveau ne pourra pas être atteint dans leur entreprise, commente Jean-Christophe Sciberras, président de l’ANDRH. L’étude a été conduite pendant l’été, à une période où les entreprises n’ont pas toujours terminé de définir leurs enveloppes salariales. Et il faut prendre ces moyennes avec précaution. La situation des entreprises n’est pas homogène et il y a de fortes disparités. Certaines d’entre elles pourront les atteindre, voire aller au-delà parce qu’elles vont bien. D’autres vont beaucoup moins bien, et donneront donc beaucoup moins. »

Conjoncture morose

Mercer, qui livrera ses propres conclusions le 1er octobre, garde la primeur sur ses estimations. Mais Bruno Rocquemont, son responsable de l’activité enquêtes de rémunération, note que les budgets d’augmentation seront plus simples à définir qu’en 2012 : « Les entreprises savent mieux où elles mettent les pieds que l’an dernier, quand elles avaient commencé à espérer une sortie de crise pour ensuite prendre de plein fouet le retournement de conjoncture du mois d’août. » Cette année, c’est clair : la conjoncture restera morose et il faudra faire avec.

Changer d’employeur : la seule façon d’améliorer sa rémunération ?

Dans un contexte durable d’augmentations atones, seuls ceux qui changent d’entreprise semblent tirer leur épingle du jeu en matière de progression salariale. « Loin de la réduire, le contexte économique accentue encore, année après année, la guerre des talents sur les postes experts, confie Laurent Hürstel, directeur associé du cabinet Robert Walters. La crise a freiné l’émergence des fameux profils “cinq ans d’expérience”. Les rares jeunes qui sont entrés dans l’entreprise en 2008-2009 sont aujourd’hui particulièrement recherchés. Sans compter une fuite accrue des cerveaux à l’étranger. » Néanmoins, à poste équivalent, la revalorisation des salaires à l’embauche reste raisonnable. « Un salarié en poste qui voit chaque année sa rémunération augmenter de 2,5 % acceptera qu’un nouvel embauché bénéficie d’un salaire de 12 % à 15 % supérieur à la moyenne du service, mais pas plus, précise Laurent Hürstel. Au-delà, on franchit le seuil d’acceptation, un peu comme on considère aujourd’hui que le niveau de salaire le plus élevé d’une entreprise ne peut plus excéder 32 ou 34 fois le niveau le plus faible. »

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  • AURORE DOHY, CAROLINE FORNIELES