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AllemagneLA COURSE AUX APPRENTIS A DÉBUTÉ

Pratiques | International | publié le : 04.09.2012 | MARION LEO

Confrontées à une pénurie grandissante d’apprentis, les entreprises allemandes multiplient les initiatives pour se faire connaître auprès des jeunes et les intégrer en apprentissage.

En novembre dernier, Rüdiger Grube, président du directoire de Deutsche Bahn (DB), avait choisi une invitée de marque pour présenter les nouveaux efforts réalisés par la compagnie ferroviaire en matière de formation par alternance. En présence d’Ursula von der Leyen, ministre de l’Emploi, il avait expliqué, lors d’une visite d’un centre de formation à Berlin-Schöneweide, qu’environ 3 600 jeunes avaient débuté en 2011 un apprentissage à la DB, soit 40 % de plus qu’en 2006. Et de souligner : « Nous attirons ainsi les talents dont nous avons besoin pour conforter notre succès. » À ses côtés, la ministre avait applaudi des deux mains : « La Bahn a compris la nécessité d’agir. Les travailleurs qualifiés vont devenir rares et les entreprises qui forment des apprentis sauvegardent leur avenir. »

Niveau de formation insuffisant

Et pour cause : les derniers rapports sur l’apprentissage du ministère de l’Emploi et de la Fédération des CCI allemandes (DIHK) sont sans équivoque : l’impact de l’évolution démographique, marquée par un recul du nombre de jeunes, est déjà perceptible sur le marché de l’apprentissage. Cette année, près de 80 000 places d’apprentissage dans l’industrie devraient rester vides, a averti la DIHK. En 2011, le nombre de postes encore libres (environ 30 000) avait à nouveau dépassé celui des candidats n’ayant pas trouvé de places d’apprentissage (11 550). Selon la DIHK, 21 % des entreprises ont eu du mal à trouver des apprentis en 2011. Les PME sont les plus touchées. Le recul démographique n’explique pas, à lui seul, ces difficultés. Trois quarts des entreprises se plaignent aussi du niveau de formation insuffisant des jeunes à l’issue de la scolarité obligatoire, tant en ce qui concerne les savoirs de base (allemand, mathématiques) que les compétences sociales.

Pour se prémunir contre cette pénurie grandissante qui menace à terme leur compétitivité, les entreprises multiplient les initiatives : 57 % d’entre elles proposent, par exemple, des cours de remise à niveau, organisés en interne ou en faisant appel à l’offre de l’Agence fédérale pour l’emploi, qui finance ce genre d’aide pour les entreprises de plus de 500 salariés. Par ailleurs, pour renforcer leur attractivité, les entreprises de la métallurgie ont finalement accepté, dans le cadre de l’accord collectif conclu en mai dernier avec le syndicat IG Metall, d’embaucher en CDI, sous certaines conditions, leurs apprentis à l’issue de leur formation, comme le revendiquait le syndicat. Afin de susciter à la fois l’intérêt des jeunes pour la technique et se faire connaître d’eux, de nombreuses entreprises ont également renforcé leur coopération avec les écoles et les universités. ThyssenKrupp Steel Europe, qui propose des formations dans 22 filières et emploie 1 150 apprentis, envoie régulièrement des experts dans les écoles ou propose des stages en entreprise aux écoliers. La majorité des entreprises ont également massivement recours aux nouveaux médias sociaux pour signaler leurs besoins.

Attirer des travailleurs qualifiés

D’autres enfin ont trouvé des solutions plus originales. Dans le cadre d’une expérience pilote, le réseau régional “Ems-Achse”, qui regroupe des entreprises, des chambres de commerce, des agences pour l’emploi et des communes de la région du fleuve Ems, a fait venir 25 jeunes Espagnols au chômage, qui ont débuté le 10 avril un stage de trois mois en entreprise. S’il s’avère concluant, ces jeunes, qui suivent des cours d’allemand intensifs, entameront alors une formation par alternance. Leur formation antérieure sera prise en compte lors de l’apprentissage. « Car notre objectif n’est pas de former à tout prix, mais d’attirer des travailleurs qualifiés dans notre région », précise Dirk Lüerssen, le directeur du réseau.

Auteur

  • MARION LEO