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Enquête

DE NOUVELLES COMPÉTENCES POUR LES SALARIÉS DES PÉAGES

Enquête | publié le : 04.09.2012 | C. D. C.

Destiné aux salariés chargés de la perception manuelle sur les péages, activité quasiment disparue, le chantier de reconversion a permis d’éviter tout licenciement.

Répondre à une évolution technologique inéluctable tout en maintenant les salariés en emploi coûte que coûte : c’est le défi que s’est lancé Vinci Autoroutes dès sa création, en 2006, à la suite du rachat à l’État par le groupe Vinci de trois sociétés d’autoroute, Cofiroute, ASF et Escota.

À l’origine de cette politique, l’engagement du DRH de l’époque, Pierre Coppey, qui a souhaité que la privatisation n’impacte pas la pérennité de l’emploi. Représentant près de 50 % des effectifs, les salariés de la filière péage, chargés de la perception manuelle, étaient les principaux en ligne de mire. Près de 60 % des transactions sur les autoroutes étaient automatisées dès 2006, une proportion qui s’élève à 92 % aujourd’hui. « Une fois cette volonté affichée, il nous a fallu relier cette exigence avec la stratégie de Vinci Autoroutes pour faire évoluer les salariés », explique Josiane Costantino, actuelle DRH.

L’axe principal retenu a été celui de la relation-client et de la qualité de service, avec l’idée de transformer progressivement les missions des salariés postés aux péages. Ce travail a été fait en lien avec les organisations syndicales, dans le cadre d’une négociation de GPEC qui a abouti à un accord en 2006, renouvelé et modifié depuis. Le premier accord de GPEC a notamment permis de présenter en 2007 à l’ensemble des salariés une cartographie de l’ensemble des métiers existants, avec pour chacun les prévisions en termes d’emploi (besoins en augmentation ou en diminution).

Deux options d’évolution

À partir de ce constat, les services RH et les organisations syndicales ont travaillé, dans le cadre d’une autre négociation, à la formalisation des nouvelles missions envisageables pour les salariés du péage : assistance au client sur site ou à distance, animation des aires d’autoroutes et, enfin entretien des automates. À côté de cette évolution des missions, de véritables reconversions ont été pensées et proposées aux salariés pour rejoindre des métiers techniques parfois très pointus : viabilité, maintenance des équipements, gestion de la sécurité. Ces deux options d’évolution professionnelle, fondées sur le volontariat, leur ont été présentées et expliquées. « Une personne du service RH a fait le tour de nos différents districts, pour briefer l’encadrement, puis l’ensemble des salariés », souligne Josiane Costantino.

Formations adaptées

Concrètement, cette mutation professionnelle a nécessité la mise en place de diverses formations. La majorité des salariés du péage, qui ont fait le choix d’une simple évolution de leur métier, ont suivi des formations (sur les missions commerciales, la relation-client, la sécurité) fondées sur des modules existants, sous forme de sessions courtes d’une demi-journée à quelques jours. Les formations à la reconversion sont beaucoup plus lourdes, de six mois à deux ans. Entièrement nouveaux, les modules sont assurés en totalité par des formateurs internes. Le salarié est accompagné tout au long de son cursus par un tuteur issu de l’entreprise, chargé notamment de réaliser, avec les managers et les formateurs, des entretiens-bilans à différents stades de la formation. « Les bilans à trois mois et à six mois permettent aux salariés de confirmer leur choix », précise le DRH. Depuis 2007, quelque 540 personnes ont souhaité changer de métier et seules 5 % d’entre elles n’ont pas mené à terme leur projet de reconversion.

Manque de candidats pour la mobilité

La majorité des mobilités ont en outre été fonctionnelles, et non géographiques. Et c’est là que le bât blesse. « Si le processus a bien fonctionné jusqu’ici, la direction se trouve maintenant confrontée à des salariés qui ne souhaitent pas changer de métier ni a fortiori de région, souligne Floréal Pinos, DSC CFDT à ASF. La direction s’est engagée à ne pas provoquer de mobilités forcées et refuse de recruter à l’externe. Mais elle ne trouve pas de candidats. » Une situation épineuse pour la direction, qui, selon les organisations syndicales, souhaiterait encore diminuer de 600 à 700 postes les effectifs de la filière péage. « On attend une certaine exemplarité de l’entreprise », souligne Floréal Pinos, qui pointe la bonne résistance de Vinci Autoroutes à la crise, en raison de l’augmentation des tarifs de péage.

VINCI AUTOROUTES

• Activité : opérateur d’autoroutes.

• Effectifs : 7 500 salariés.

• Chiffre d’affaires en 2011 : 4,4 milliards d’euros.

Auteur

  • C. D. C.