Les études sur le management interculturel se sont jusqu’à présent davantage intéressées aux sociétés transnationales, appelées à faire cohabiter différents groupes ethnoculturels du fait d’une fusion-acquisition ou d’expatriations plutôt que du fait de l’immigration. L’auteur, spécialiste de la gestion d’entreprise, souhaite combler cette lacune en étudiant la manière dont la diversité culturelle est gérée à la Société de transports intercommunaux bruxelloise, une grande entreprise présentant une forte diversité avec une importante représentation de travailleurs arabo-musulmans. Il s’agit pour l’auteur de comprendre par quels mécanismes la rencontre interculturelle crée des difficultés, représentant autant de sources de discrimination directe ou indirecte, mais aussi d’analyser les limites des politiques de diversité pour suggérer des pistes vers un mieux vivre ensemble. Face à des manifestations du religieux sur le lieu de travail, la direction de la STIB a instauré la neutralité en principe, tout en étant de fermer les yeux sur des comportement à résonnance identitaire. La lutte contre les préjugés islamophobes tend pourtant paradoxalement à une catégorisation des travailleurs de culture arabo-musulmane, trop souvent réduits à leur appartenance religieuse. Par ailleurs, l’évitement des sujets qui fâchent pour maintenir la paix sociale ne favorisent pas le vivre ensemble. Une analyse d’une grande rigueur, qui veut prouver que le respect de la différence ne doit pas être sacralisé mais dépassé pour que les individus puissent trouver un espace d’expression dans l’entreprise.

L’islam en entreprise

Younous Lamghari, L’Harmattan, 150 pages, 16 euros.