logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

RENAULT MONTE AU CRÉNEAU DE LA SÉCURITÉ

Pratiques | publié le : 03.07.2012 | CHRISTIAN ROBISCHON

Le constructeur concentre depuis un an ses efforts sur ses magasins de pièces de rechange, où le nombre d’accidents dépasse sa moyenne générale. Il y a systématisé la méthode analyse-réaction.

De l’aveu du constructeur, les magasins de préparation de pièces de rechange se situaient depuis longtemps « en retrait » dans leurs statistiques de sécurité au travail. À leur décharge, ils manipulent des pièces lourdes dans des proportions supérieures aux usines automobiles classiques.

Le groupe a décidé de prendre le sujet à bras-le-corps. Il a commencé par rédiger fin avril 2011 une charte mondiale, qui prévoit notamment « l’intégration systématique des critères de santé-sécurité dans toute décision visant les produits utilisés, les process ou l’organisation », l’identification, l’évaluation et la correction des risques en y associant les CHSCT, et l’amélioration de l’ergonomie des postes.

Actions correctives

Commun aux 32 sites formant la direction logistique, pièces et accessoires (DLPA) dans le monde, le document trouve son application en particulier à Cergy-Pontoise (Val-d’Oise) et à Villeroy (Yonne). Dans ces deux sites, qui totalisent 1 100 salariés, l’accident est décortiqué le jour de sa survenance par un petit groupe comprenant le manager de proximité, le technicien prévention, l’ingénieur sécurité et un membre du CHSCT afin de ne pas laisser s’installer une situation à risque. Selon l’ampleur, l’action corrective va d’une formation du salarié de quelques minutes ou heures pour qu’il reprenne immédiatement la bonne posture, à une réorganisation plus ou moins profonde. Par exemple, un code couleur a été mis en place afin d’éliminer le risque de confusion dans le choix de la bonne élingue pour fixer une batterie.

“Dojo sécurité”

Autre mesure introduite : l’aménagement de plusieurs “Dojo sécurité”. Déjà en vogue ailleurs chez Renault, ces espaces d’entraînement pendant le temps de travail « permettent de se maintenir au meilleur niveau sur les gestes, dont la mauvaise exécution représente un risque d’accident ou de TMS », expose Anne-Sophie Belloc, responsable RH de l’établissement de Cergy.

De façon générale, la charte mondiale recommande aux sites de combiner formations aux gestes et postures, organisation d’événements sécurité thématiques et stimulation des boîtes à idées dans le but de diffuser un état d’esprit de vigilance « à tout instant, en tout lieu et à tout niveau hiérarchique », souligne la RRH. En un an, le groupe annonce une baisse de plus de moitié des accidents avec arrêt de la DLPA à l’échelle mondiale, sans donner de chiffre absolu.

Appel au bon sens

Les syndicats restent sceptiques. « On part de très loin », relève Michel Denis, secrétaire de la section FO à Cergy. « Dans ce domaine, un gros pépin suffit à bouleverser les statistiques d’une année à l’autre », rappelle Éric Hubert, son homologue à la CGT. Selon ce dernier, l’initiative de la charte a été « relativement bien appréciée » par le personnel, et ses traductions concrètes présentent l’intérêt de corriger les fautes d’inattention. « Les corrections font appel au bon sens. Par exemple, stocker des pièces à l’intérieur pour éviter que leur engin de manutention ne mouille le sol quand il pleut et heurte un salarié en glissant », ajoute Éric Hubert.

Mais CGT, CFDT et FO s’accordent pour estimer que l’amélioration durable passe par des embauches ou, à tout le moins, par des mesures plus consistantes d’allégement des postes. « Pour cela, il faut investir, or l’entreprise ne s’en donne pas les moyens », commente Michel Denis.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON