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Enquête

BIENTÔT UN ESPACE COLLABORATIF

Enquête | publié le : 26.06.2012 | E. F.

L’intranet de la RATP devrait s’enrichir d’un espace de travail commun à la direction et aux syndicats, destiné à faciliter la négociation.

La direction et les syndicats de la RATP terminent, ce 26 juin, un cycle de rencontres bilatérales, prémices à une négociation sur le développement de l’intranet syndical. Un accord pourrait intervenir d’ici à la fin de l’année. L’enjeu de cette future négociation est la création d’un espace collaboratif entre la direction et les syndicats sur Urban Web, l’intranet de l’entreprise de transport. La partie “vitrine” de l’intranet, dans laquelle certains syndicats s’exposent déjà depuis plusieurs années, devrait peu évoluer, les deux parties montrant peu d’appétence pour le changement.

Actuellement, les documents de travail nécessaires à une négociation sont, comme dans la plupart des entreprises, diffusés auprès des négociateurs par courrier papier ou par e-mail, la difficulté étant de savoir quelle est la dernière version. L’idée est donc de créer un espace partagé contenant ces documents, mis à jour au fil de l’eau. Seuls les syndicats représentatifs sur le périmètre de la négociation – la RATP compte 80 établissements – y auraient accès. « Cela va permettre de faciliter les échanges et de réaliser des économies de papier », argumente Vincent Berthelot, chargé du projet intranet syndical à l’observatoire social de la RATP.

Après l’évolution de la représentativité syndicale à la suite des dernières élections, la principale exigence de la direction, dans cette future négociation, portera sur la confidentialité. « Nous voulons être certains que seules les personnes habilitées auront accès aux documents, explique Vincent Berthelot. Le futur outil nous rassurera davantage que les transmissions par courriels. » Par exemple, seuls les syndicats représentatifs sur l’activité « bus » auraient accès aux documents d’une négociation sur ce périmètre ; les syndicats non représentatifs seraient seulement informés de son ouverture. Ce nouvel espace permettrait de mieux identifier les interlocuteurs syndicaux, voire de faciliter la prise de rendez-vous.

SUD, troisième syndicat de l’entreprise (14,09 % aux élections de novembre 2010), tient une position subtile, sur la question de la confidentialité. D’un côté, Philippe Touzet, son délégué central, explique qu’il est demandeur de cette négociation : « Il y a urgence à fixer des règles, car des syndicats non représentatifs dans certains établissements envoient des courriels non sollicités aux salariés. » De l’autre, il assure vouloir « préserver [son] indépendance de ton et de contenu », qui l’a déjà amené à refuser de signer la charte d’utilisation du précédent intranet et donc à se priver d’y avoir sa place. De ce fait, seules la CGT, l’Unsa, la CFDT et la CGC disposent à l’heure actuelle de leur “vitrine”. « Quand il y a un projet d’accord, on l’imprime et on le diffuse, même quand il est estampillé confidentiel. On le fait déjà, et on continuera de le faire », déclare Philippe Touzet, pour qui cette pratique permet une consultation directe des salariés, susceptible d’éclairer les syndicats. En revanche, il estime que les documents relatifs aux process de l’entreprise ne doivent pas être diffusés.

Pour le reste, l’intranet syndical devrait peu changer. Selon Vincent Berthelot, la seule demande des syndicats est finalement d’être davantage visibles sur Urban Web, où ils n’apparaissent pas en première page. Hormis peut-être sur ce point, les sites sur lequel les syndicats font paraître de l’information et des tracts devraient demeurer ce qu’ils sont déjà, une vitrine reflétant leur site Internet, sans interactivité ni possibilité de “push”. La direction est en effet toujours opposée à ce que les syndicats pratiquent l’envoi massif de courriels non sollicités. « Une règle qu’ils ont toujours pratiquement respectée, y compris en période électorale », remarque à ce propos Vincent Berthelot.

Une charte d’utilisation appliquée

D’une manière générale, la charte d’utilisation d’intranet engageant ses signataires en matière de confidentialité et de modération semble avoir été appliquée. Quant à Philippe Touzet, il est particulièrement méfiant sur la confidentialité des courriels syndicaux, dont il est persuadé que « la direction a connaissance ».

Les syndicats ne semblent pas demandeurs de forums. Le délégué SUD fait remarquer qu’il faudrait y affecter un animateur, que ces discussions à distance ne doivent pas se substituer aux contacts directs avec les salariés, et que ces derniers prennent des risques en exposant leur opinion : « Nous sommes donc intéressés sans l’être. Pour nous, l’intranet syndical est un moyen d’orienter les salariés vers nos sites Internet. » Et puis, l’intranet comme les sites Internet paraissent dépassés lorsqu’il s’agit de diffuser rapidement de l’information. Philippe Touzet cite l’exemple de l’agression récente d’un machiniste : « L’information, d’ailleurs un peu fausse, a circulé à toute vitesse sur les smartphones. »

TENUE CORRECTE RESPECTÉE

La plupart des unions syndicales de la RATP disposent de leur site Internet avec des liens vers les sites de leurs syndicats catégoriels (bus, RER, cadres, retraités…) et vers celui de la confédération, ainsi qu’une page sur l’actualité revendicative. FO n’a pas de site et celui de la CFDT n’est pas à jour. Sur Internet comme sur l’intranet, les syndicats du transporteur semblent respecter les obligations de confidentialité et de modération dans leurs propos. Il y a cependant quelques exceptions. Ainsi, SUD RATP a diffusé, fin 2010, des extraits de l’audit confidentiel commandé par la direction sur le financement du dialogue social à la RATP, qui ont été publiés sur son site Internet. « Nous n’avons pas mis l’audit en ligne. C’est finalement la direction qui l’a diffusé à la presse », tient à rappeler Philippe Touzet, délégué central. « On n’aurait jamais vu cela sur l’intranet », s’amuse-t-il. SUD exposait notamment que la plupart des syndicats de l’entreprise bénéficiaient d’agents détachés à titre gracieux par la direction mais n’était pas lui-même concerné. Plus récemment, le responsable du syndicat autonome SAT (traction) Mourad Ghazli, a publié sur son blog des propos concernant un scandale sexuel, dont la direction a estimé qu’ils étaient diffamatoires. Lancée fin 2011, la procédure de licenciement est en cours. Il semble que ce soit le seul cas.

Sauf exception, le ton et le contenu des sites sont donc responsables. « Nous avons évolué, explique Philippe Touzet. Auparavant, nous mettions en ligne toute la réglementation à laquelle les salariés n’avaient pas accès. Même la direction utilisait notre site pour aller chercher de l’information, car c’était plus rapide que par l’intranet. Depuis, nous avons reculé, d’une part parce que nous comprenons que l’entreprise veuille la confidentialité de ses process, d’autre part parce que la direction communique davantage vers les salariés. Finalement, c’est en étant agressifs au début que nous avons réussi à la faire bouger. »

Pour Vincent Berthelot, la bonne tenue de la communication des syndicats s’explique, au-delà de leur éthique individuelle, par le fait que « 80 % des salariés se positionnent comme des ambassadeurs de l’entreprise, les syndicats ne veulent donc pas heurter leur fierté d’appartenance en attaquant le cœur de l’entreprise, ce qui ne les empêche pas de défendre leurs revendications ». Afin que les salariés soient encore de meilleurs ambassadeurs, la direction travaille à un guide d’usage des médias sociaux.

E. F.

RATP (EPIC ÎLE-DE-FRANCE)

Activité : transport de voyageurs.

Effectifs 2010 : 44 795 salariés.

Chiffre d’affaires : 4,2 milliards d’euros

Auteur

  • E. F.