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Royaume-UniGM GARDE L’USINE D’ELLESMERE CONTRE FLEXIBILITÉ ET MODÉRATION SALARIALE

Pratiques | International | publié le : 19.06.2012 | STÉPHANIE SALTI

General Motors consent à investir dans son usine Vauxhall à Ellesmere Port, pour y produire la nouvelle Astra. Une menace de fermeture planait sur ce site, où les ouvriers ont accepté flexibilité du temps de travail et gel des salaires.

L’industrie automobile britannique a le vent en poupe. Le constructeur américain General Motors a annoncé courant mai son intention de conserver son usine de fabrication Vauxhall, la marque sous laquelle il opère outre-Manche, à Ellesmere Port, dans la région de Liverpool. Cette déclaration, qui a été commentée comme une véritable victoire outre-Manche par les pouvoirs politiques désireux de relancer la ré-industrialisation du Royaume-Uni, est d’abord à mettre en relation avec la négociation d’un accord salarial : l’usine, qui emploie directement quelque 2 100 personnes, a voté massivement (94 %) en faveur d’un gel des salaires pendant deux ans, tandis que le nombre de rotations passera de deux à trois afin de permettre la production de nouvelles voitures presque 24 heures par jour et 51 semaines par an.

Rotation supplémentaire

« Auparavant, il y avait de véritables interruptions d’activité, souligne un porte-parole du syndicat Unite. Désormais, le passage de deux à trois shifts va permettre d’introduire de la flexibilité, et certains samedis ? seront également travaillés. » Les traditionnelles fermetures d’usines durant la saison estivale, inhérentes également à la culture industrielle britannique, vont désormais appartenir au passé. En vertu de l’accord négocié, les salariés recevront une prime de quart à la suite de la mise en place de la rotation supplémentaire. Quant aux salaires, après le gel initial de deux ans, ils seront réévalués en fonction de l’indice des prix au détail (RPI), auquel sera ajouté 1 % supplémentaire. Au total, les plans prévoient la production de quelque 160 000 voitures par an, bien que l’usine ait la capacité d’en produire 200 000 si la demande s’avère plus importante.

En contrepartie, le fabricant GM accorde à Vauxhall Ellesmere la fabrication du nouveau modèle d’Astra. Il s’engage à investir 125 millions de livres (155 millions d’euros) pour la rénovation de l’usine et permettre la mise en production de l’Astra à compter de 2015, moyennant l’embauche de 700 salariés supplémentaires.

Et comme les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules, le constructeur américain a également décidé de doubler le nombre de composants automobiles fabriqués au Royaume-Uni, ce qui se traduira notamment par une utilisation majorée à hauteur de 25 % des fournisseurs locaux et contribuera à la création de 3 000 emplois.

Ellesmere Port revient de loin : le fabricant américain avait évoqué la possibilité de fermer cette usine ainsi que celle d’Opel à Bochum, en Allemagne, en conséquence de lourdes pertes enregistrées l’an dernier sur le continent européen. Si le site germanique n’est pas encore fixé sur son sort, l’issue positive des négociations à Ellesmere Port ajoute une pierre supplémentaire au dynamisme de l’industrie automobile britannique : au cours des derniers mois, les fabricants japonais Nissan et Toyota, ainsi que Jaguar Land Rover, ont annoncé de lourds investissements outre-Manche.

Des sites en concurrence

Alors que l’Astra sera aussi produite en Pologne, la décision prise par GM, dont les usines européennes d’Opel se retrouvent en concurrence, met donc en danger le site allemand de Bochum et suscite une certaine animosité entre représentants des salariés des différents pays du groupe : le secrétaire du CE de Bochum aurait mis en doute la qualité de la production de l’usine anglaise, comparée à celle de son établissement. Un plan de restructuration adopté il y a deux ans, comprenant 8 000 suppressions d’emplois sur 48 000 en Europe et la fermeture de l’usine d’Anvers (Belgique), avait déjà réduit les coûts.

Auteur

  • STÉPHANIE SALTI