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Enquête

DES “MARRAINES” POUR LES SALARIÉES ISOLÉES

Enquête | publié le : 19.06.2012 | SOLANGE DE FRÉMINVILLE

Les salariés des structures d’aide à domicile se retrouvent seuls dans leurs différents lieux de travail. Pour intégrer les nouveaux arrivants, l’AAMD de Lunel a proposé à ses salariées les plus expérimentées de devenir leurs “marraines”.

Le “marrainage” est un dispositif original créé par l’association d’aide et de maintien à domicile (AAMD) de Lunel (Hérault), spécialisée dans les interventions auprès de personnes âgées dépendantes et de handicapés. Pour la première fois, en 2010-2011, 13 salariées expérimentées, formées au tutorat, ont accompagné des personnes embauchées en CDD depuis au moins un mois.

Chaque marraine prend en charge une nouvelle arrivante, au rythme de quatre entretiens pendant six mois, en s’appuyant sur un guide méthodologique et sur le livret d’accueil du salarié.

Une exigence de qualité

La confidentialité est la règle. La marraine facilite l’intégration en familiarisant la nouvelle recrue rapidement avec son environnement professionnel : fonctionnement de l’association, réglementation, déontologie, relations avec les usagers… « L’idée était de transmettre très vite la connaissance de la structure et une exigence de qualité, ce qui est difficile quand un salarié est isolé », relève Aline Cayhuela, consultante RH, qui a aidé à concevoir cet outil.

« Nous discutons ensemble de l’organigramme de l’association, du règlement, de nos obligations, des possibilités de formation et d’évolution, témoigne Maryvonne Sabatier, auxiliaire de vie sociale et marraine. Nous répondons aussi aux questions au jour le jour. Dans ce métier, on travaille seul chez les usagers. Les nouvelles n’ont pas conscience de ce qui les attend. Souvent, elles sont perdues, face à des pathologies qu’elles ne connaissent pas, ou face à des attitudes inattendues, parfois agressives. » Selon Aline Cayhuela, « l’absence de relation hiérarchique facilite les choses. La nouvelle arrivante s’autorise des questions qu’elle n’oserait pas poser à son responsable de secteur. »

Pour autant, il ne s’agit pas d’un véritable tutorat, car la marraine n’accompagne pas sa filleule pendant ses heures d’intervention à domicile : elle n’a pas la possibilité de l’observer et d’échanger avec elle sur son lieu de travail. « Les contraintes budgétaires de l’association ne le permettent pas. Tout passe par la transmission orale », explique Aline Cayhuela. D’où l’importance des outils fournis aux marraines pour conduire les entretiens.

Le bilan est positif. Selon Marie-Hélène Bouquet, déléguée syndicale CGT, le marrainage « est une très bonne démarche, dont les salariés sont satisfaits ». Aux yeux des dirigeants, le dispositif a montré son efficacité. D’abord en apportant du « bien-être », selon Jean-Claude Garcia, directeur de l’association. Ensuite, en fidélisant les nouvelles recrues : d’après le bilan établi fin 2011, sur un total de 17 filleules, 11 ont été embauchées en CDI, et la part des CDD dans les heures travaillées s’est réduite, passant de plus de 17 % en 2010 à 12 % en 2011.

Enfin, le marrainage améliore la qualité du service – un impératif, en raison des certifications qualité obtenues par l’AAMD. « Cela a mis fin à des problèmes de comportement. Nous n’avons plus de réclamations d’usagers à ce sujet », souligne Jean-Claude Garcia, directeur de l’association.

Mieux encore, le marrainage a atteint un autre objectif, défini au terme d’une démarche de GPEC : motiver les salariées les plus anciennes, qui n’ont plus de perspectives d’évolution. Les associations d’aide à domicile sont en effet soumises à de sévères contraintes financières par les financeurs publics qui leur imposent des tarifs et leur demandent de limiter le taux de salariés qualifiés.

Valoriser l’expérience

Avec 26 auxiliaires de vie sociale qui assurent 40 % des heures d’aide à domicile, l’AAMD se trouve depuis 2005 largement au-dessus de la norme. Alors, comment mobiliser les équipes ? « Il faut trouver des subterfuges. Devenir marraine, cela signifie se former au tutorat et prendre des responsabilités », explique Jean-Claude Garcia. Selon la déléguée syndicale CGT, « les marraines se sentent valorisées. Elles apprécient de transmettre leurs connaissances ». À défaut d’avoir une rétribution pour tenir ce rôle.

AAMD DE LUNEL

• Activité : aide à domicile.

• Effectif : 120 salariées (76 équivalents temps plein).

• Chiffre d’affaires (2011) : 2,38 millions d’euros.

Auteur

  • SOLANGE DE FRÉMINVILLE