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Le mécénat de compétences séduit les entreprises et les salariés

Actualités | publié le : 12.06.2012 | CATHERINE DE COPPET

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Le mécénat de compétences séduit les entreprises et les salariés

Crédit photo CATHERINE DE COPPET

Plébiscitées par les salariés, les actions de solidarité et d’entraide à mener hors de l’entreprise sont de plus en plus proposées. Mobilisant des compétences plus ou moins pointues, ces initiatives relèvent de plus en plus du bénévolat de compétences, c’est-à-dire hors temps de travail. Jusqu’au 15 juin se tient la deuxième édition des Défis Mecenova organisés par IMS-Entreprendre pour la cité, auxquels participent une trentaine d’entreprises.

Mobiliser les salariés afin de mener des actions de solidarité au profit de différentes associations, telle est la teneur des Défis Mecenova, organisés pour la deuxième année consécutive par IMS-Entreprendre pour la cité. Le principe est simple : une trentaine d’entreprises développent sur quatre jours une série d’actions sur le temps de travail des salariés, allant de la collecte de fonds à la course à pied, en passant par la cartographie des lieux accessibles aux personnes en situation de handicap. Lors de la première édition, quelque 6 000 salariés avaient participé et soutenu 138 associations.

Mobiliser les salariés sur leur temps de travail pour des actions au service de causes extérieures (éducation, environnement, etc.), c’est ce qu’on appelle le mécénat de compétences. Quand ces actions sont menées hors temps de travail, on parle alors de bénévolat de compétences. Généralement, les entreprises agissent via leur fondation, rattachée à la direction générale ou au service de la communication interne, mais aussi, pour 10 % d’entre elles, à la DRH.

La semaine des Défis Mecenova est représentative de l’engouement grandissant des entreprises pour ce genre d’initiatives, apparues il y a une dizaine d’années en France : « D’après notre dernière étude sur les fondations d’entreprise, 80 % d’entre elles proposent dorénavant aux salariés de l’entreprise de s’impliquer dans leurs actions, contre 62 % en 2009 », souligne Géraldine Guilly, responsable du mécénat et de la Solidarité à IMS-Entreprendre pour la cité. L’enthousiasme pour le mécénat de compétences n’est plus l’apanage des grands groupes, les PME entrant dans la danse via des actions très liées au tissu local.

Les jeunes souhaitent s’impliquer

30 % des salariés déclarent d’ailleurs être bénévoles au profit d’une ou plusieurs associations, à peine moins que la moyenne des Français (36 %). 80 % se disent prêts à participer à des actions engagées par leur entreprise. Et plus encore attendent qu’elle montre le chemin : selon l’étude menée par IMS-Entreprendre à l’occasion des Défis Mecenova, 88 % des salariés interrogés sont favorables à ce que les entreprises proposent des actions de bénévolat à leurs salariés. « Le mécénat et le bénévolat de compétences répondent à des demandes des collaborateurs, notamment des jeunes, qui s’informent sur ce type de possibilités dès l’entretien d’embauche », confirme Bénédicte Menanteau, déléguée générale d’Admical (Association pour le développement du mécénat industriel et commercial).

Les attentes des salariés rencontrent l’intérêt des responsables des fondations, bien persuadés que des collaborateurs impliqués constituent les meilleurs ambassadeurs du mécénat en général.

« Les salariés reviennent de ces missions riches de nouvelles expériences hors de l’entreprise, valorisés et enthousiastes », explique Bénédicte Menanteau. Enfin, ces actions sont de plus en plus portées par les DRH, qui y voient un levier stratégique : « Mobiliser les salariés autour de différentes causes permet d’affirmer les valeurs de l’entreprise, mais aussi de motiver ou de remotiver les équipes », indique Géraldine Guilly. Sans parler de l’attractivité : le mécénat de compétences compte davantage comme facteur différenciant. « Les fondations sont de plus en plus présentes sur les forums de recrutement », pointe la responsable d’IMS.

Autre tendance qui se confirme, les domaines d’action privilégiés par le mécénat ou le bénévolat de compétences. Que les entreprises soient ou non guidées dans leur choix, les initiatives dans lesquelles s’impliquent les salariés relèvent du sociétal au sens large : l’éducation tient la première place, devant l’action sociale et l’insertion professionnelle. La mission handicap de Capgemini permet ainsi à des salariés de parrainer des étudiants en situation de handicap pour les aider dans leur orientation professionnelle. À Coca-Cola, l’adhésion au programme Passeport vers l’emploi conduit les salariés à s’impliquer directement aux côtés de jeunes défavorisés, entre autres grâce à des simulations d’entretien de recrutement.

« Certains secteurs associatifs se prêtent plus que d’autres à ce type de partenariat, par leur action même, mais aussi par leur maturité », commente Bénédicte Menanteau. L’environnement, la culture, la solidarité internationale et, de façon mineure, le sport constituent les autres champs, souvent associés à une action relevant du social. Chez Deloitte, les salariés ont ainsi la possibilité d’accompagner des chômeurs de longue durée, non seulement sur les questions d’insertion professionnelle mais aussi à travers des sorties culturelles.

Des actions diversifiées

Reste à savoir comment les entreprises et leurs fondations organisent concrètement l’implication des salariés. Le plus souvent, les actions sont diversifiées, le mécénat de compétences étant associé à du bénévolat mais aussi à du mécénat financier.

Les dernières études montrent cependant que les actions relevant du mécénat de compétences ont diminué au profit d’actions bénévoles : « En 2009, 33 % des entreprises impliquées dans le mécénat proposaient des actions uniquement sur le temps de travail. En 2011, ce chiffre est passé à 25 %, souligne Géraldine Guilly. Développer des actions sur le temps de travail est plus complexe à mettre en place. »

Favoriser le bénévolat apparaît plus accessible, les entreprises fonctionnant par appels à projets en interne. « De façon logique, il arrive souvent qu’elles soutiennent les associations dans lesquelles les salariés sont déjà impliqués », poursuit Géraldine Guilly. S’il arrive à certaines associations d’être intéressées par des compétences techniques (informatique, comptabilité), la plupart des actions développées font appel aux capacités relationnelles et professionnelles au sens large. « Plus les compétences demandées sont pointues, moins le nombre de salariés touchés est important », rappelle Géraldine Guilly.

SCHNEIDER-ELECTRIC ET VINCI RÉUNIS

→ L’une des tendances du mécénat de compétences concerne les actions interentreprises, mêlant des salariés de tous horizons sur un même projet. Schneider-Electric et Vinci ont récemment eu l’occasion de mobiliser des collaborateurs aux compétences différentes dans le cadre de la rénovation du marché Riquet à Paris (19e), portée par Emmaüs Défi. Les salariés de Schneider ont participé aux études d’ingénierie électrique, tandis que ceux de Vinci ont mené des expertises ou des travaux d’électricité.

ACCENTURE ET PASSEPORT AVENIR

→ De nombreuses entreprises s’associent à un programme déjà existant pour développer leurs actions. C’est le cas d’Accenture, qui participe depuis 2009 à Passeport Avenir. Portée par l’association éponyme créée en 2005, cette initiative propose entre autres aux salariés d’être les tuteurs d’étudiants inscrits à ce programme, pour des missions de conseil en équipe, l’idée étant de développer leur employabilité. 250 000 personnes à travers le monde devraient bénéficier de ce programme à l’horizon 2015. Accenture a mis en place 38 tutorats. Une semaine d’information sur Passeport Avenir est par ailleurs organisée par CapGemini dans le cadre des Défis Mecenova.

Auteur

  • CATHERINE DE COPPET