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Déjouer la négativité

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET, CONSEIL EN ENTREPRISES À PARIS. <> | publié le : 05.06.2012 |

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Déjouer la négativité

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Un de vos collègues n’a pas le moral. Tous les jours, ce sont des critiques, des plaintes ou de l’ironie mordante. Au début, c’est pénible, parfois vous compatissez, puis cette négativité vous mine. Que faire pour ne pas perdre votre bonne humeur ni endommager la relation, surtout quand la personne travaille dans la même équipe que vous ?

Tout d’abord, ne pas alimenter son raisonnement. Argumenter ou simplement donner la réplique ne fait que renforcer son processus. C’est comme si l’on espérait ralentir un cheval énervé en tirant sur les rênes, en fait on obtient l’inverse : l’animal prend appui sur son mors et fonce encore plus vite. Avec une personne négative, la première vigilance est de ne pas répondre. On écoute sans rien dire, on reconnaît en “miroir” les sentiments de la personne grâce à des remarques comme : « Je vois que tu es déçu par cette nouvelle organisation » ou « tu sembles contrarié par la dernière décision ». Votre interlocuteur va bien sûr renchérir, mais progressivement, le déversement de fiel va se calmer, comme un bouchon de cocotte-minute que l’on enlève en le laissant siffler. Être présent, écouter, se taire afin de ne pas donner prise, c’est finalement la stratégie la plus payante. Bien sûr, il convient d’être patient, très patient, car la vapeur met du temps à se vider.

Dans le cas où la personne recharge très vite sa capacité de négativité et recommence en boucle, on peut passer à la deuxième étape. Celle-ci consiste à lui suggérer d’explorer des solutions. « As-tu des pistes de solution pour améliorer cette situation ? » ou « Penses-tu à une ou deux idées qui produiraient de meilleurs résultats ? » Il y a de grandes chances qu’au début, la personne refuse de se diriger dans cette direction… Elle aime se plaindre ou critiquer et a l’habitude de rendre les autres responsables de son inconfort. Mais, en lui posant la question avec une attitude ouverte, on peut l’amener à se mettre en mouvement. Présentez votre proposition comme une “bonne pratique” : prendre l’habitude de ne pas souligner un problème sans proposer une ou deux solutions.

D’ailleurs, cette pratique est fructueuse pour toutes les équipes. Car elle replace la discussion sur un terrain constructif. Quand on se laisse aller à critiquer sans se discipliner, l’esprit de dénigrement dépasse les situations et se reporte sur les personnes. Rapidement, tout le monde devient négatif. On sait pertinemment en psychologie que critiquer sans cesse son entreprise ou son responsable sont souvent de bons moyens d’éviter de regarder ce qui ne va pas chez soi. Les personnes ne sont pas mauvaises par nature, mais elles deviennent hargneuses, fermées ou négatives quand le stress vient compliquer une situation qui déjà leur demandait des efforts. Alors, le bouc émissaire est vite trouvé : une personne proche, le manager, le monde entier parfois…

Souvent, la meilleure suggestion que vous pouvez faire à une personne négative est de lui proposer d’adresser ses commentaires (avec le ton approprié !) directement à l’interlocuteur concerné. « Visiblement, tu as mal vécu cette situation, en as-tu parlé directement à la personne ? » La négativité fait souvent bon ménage avec la triangulation : on parle à un tiers du problème, mais jamais directement à la personne elle-même. Tout le monde finit par être au courant, sans que la vraie conversation n’ait jamais lieu avec le bon interlocuteur. Le problème n’est alors pas près d’être résolu !