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AU MANS, PÔLE EMPLOI PRÉPARE LA RECONVERSION DE L’AUTOMOBILE VERS L’ÉOLIEN

Pratiques | publié le : 15.05.2012 | HUBERT HEULOT

Pôle emploi a initié des formations de techniciens de maintenance dans l’éolien, première étape d’une reconversion imaginée pour l’ensemble de la filière automobile.

Un homme au moins s’est réjoui du lancement, début avril, des premiers parcs éoliens français en mer, dans la Manche et au sud de la Bretagne. C’est Éric Lemière, conseiller entreprises et innovations à Pôle emploi au Mans. Depuis quatre ans, il se démène pour reconvertir le bassin automobile local dans l’éolien. En novembre dernier, son action a valu à Pôle emploi Le Mans le prix Entreprendre autrement des Initiatives de l’économie. Des emplois commencent à être créés grâce à des parcours de formation qu’il a contribué à mettre en place.

Ainsi, le Gréta du Mans forme depuis deux ans à cette industrie nouvelle des techniciens de maintenance de parc éolien. Les candidats doivent être titulaires d’un bac + 2 ou équivalent : BTS électrotechnicien, DUT génie mécanique ou même un bac pro en maintenance avec plusieurs années d’expérience. Au bout de six mois, ceux qui réussissent décrochent un certificat de compétences professionnelles agréé par un organisme certificateur allemand, le Centre allemand de formation aux énergies renouvelables - le BZEE (Bildungszentrum für Erneuerbare Energien) -, qui fait autorité dans toute l’Europe.

Terrestre et offshore

À ce diplôme “terrestre” s’ajoute un nouveau complément en cinq jours pour l’offshore, lui aussi agréé par le BZEE. Une formation unique en France, créée en collaboration avec le Centre d’étude et de pratique de la survie de Lorient. Elle comprend notamment des entraînements à l’évacuation par hélicoptère. Les perspectives d’emploi existent : 500 à 600 techniciens de maintenance devront être opérationnels en 2018, quand les premières éoliennes françaises en mer se mettront à tourner. Entre-temps, les besoins des parcs terrestres passeront de 160 à 300 postes par an. Les formations (trois autres “écoles” existent en France : à Nîmes, Montmorillon et Charleville-Mézières) vont donc monter en puissance.

Compétences complémentaires

Mais Éric Lemière anticipe aussi les besoins pour la fabrication d’éoliennes, activité qui ouvre des perspectives de reconversion aux professionnels de l’automobile. L’enjeu est de taille pour le bassin d’emploi : depuis 1995, la moitié des emplois du secteur ont disparu, passant de 12 000 à 6 000 postes. Or, « parmi les zones d’assemblage d’éoliennes offshore, seul Le Havre possède des réservoirs de main-d’œuvre de l’automobile, constate Éric Lemière. Pas Saint-Nazaire, ni Cherbourg, ni Brest qui auront besoin du Mans ».

Il a mis en lumière la complémentarité entre ces compétences en comparant les fiches métiers et en croisant les tendances du marché. Les chaudronniers, usineurs, soudeurs, ajusteurs, régleurs, métiers de CAP et BEP de base dans la mécanique et l’électromécanique, sont communs aux deux branches. « 95 % des compétences de l’automobile sont transférables dans le secteur éolien. Seule différence, l’automobile fabrique de grandes séries et soude par points. L’éolien travaille en petites séries et utilise la soudure semi-automatique. C’est de la grosse métallurgie, comme dans la construction navale. Mais, du côté mécanique, les nacelles sont constituées chacune de 3 000 pièces, avec turbines et multiplicateurs, comme des boîtes de vitesse. Là, on retrouve l’automobile. Toutes les pièces transportables, donc de moins de 10 tonnes, pourront être fabriquées au Mans. »

Sur les 100 nouveaux diplômés du Gréta, chômeurs ou jeunes diplômés, 80 ont été recrutés par des sociétés allemandes et danoises pour entretenir les éoliennes qu’elles ont installées en France. Une trentaine d’entre eux travaillent chez des sous-traitants automobiles locaux, qui préparent leur diversification dans la construction d’éoliennes.

Auteur

  • HUBERT HEULOT