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Enquête

DEUX MAGASINS POUR UN TEMPS COMPLET

Enquête | publié le : 15.05.2012 | ROZENN LE SAINT

Vingt-quatre heures à Pull and Bear et 11 heures à Bershka… Après le temps complet sur deux boutiques Zara, mis en place en 2006, le groupe espagnol étend l’initiative aux salariés des autres enseignes en France.

Depuis la mi-avril, Inditex a franchi un nouveau pas dans sa volonté de réduire le nombre de temps partiels parmi ses salariés. Dès 2006, 605 salariés de Zara sont passés d’un contrat à temps partiel à un temps complet sur deux magasins.

Dans le secteur de la vente, où l’essentiel du chiffre d’affaires se fait pendant les heures de rush, le temps partiel a l’avantage de mobiliser le personnel aux moments où l’on a le plus besoin de lui. Alors, pour combiner amélioration des conditions de travail et efficacité, Zara France a mis en place, il y a six ans, le temps partiel sur deux magasins. Dans les grandes villes où au moins deux boutiques sont implantées, les vendeurs travaillent trois jours par semaine dans l’une, deux jours dans l’autre…

18 heures par semaine

Pour le magasin, c’est la possibilité de compléter les équipes sans recourir à des temps partiels trop courts – Inditex ne recrute pas en deçà de 18 heures par semaine. Pour le salarié, c’est un salaire complet à la fin du mois. « En 2009, 40 % des salariés de Zara France étaient à temps complet et 60 % à temps partiel. Depuis 2010, nous avons réussi à inverser la tendance », se félicite Virginie Reiss, DRH Europe d’Inditex.

Les 35 heures multi-enseignes

Après avoir exploité au maximum le temps partiel sur deux magasins Zara, Inditex l’a étendu à ses six autres chaînes présentes en France… D’autant plus que la formule faisait des envieux à Pull and Bear, Oysho, Bershka, Stradivarius, Massimo Dutti et Zara Home… Depuis la mi-avril, la direction française a mis en place, à titre expérimental, les 35 heures multi-enseignes à Montpellier, où un magasin de chaque chaîne du groupe est implanté.

Comme la clientèle de Massimo Dutti est différente de celle de Bershka, le profil des vendeurs l’est aussi. Alors l’entreprise a laissé Zara à part et a divisé en deux groupes d’organisation les enseignes restantes. Un salarié peut donc travailler les lundis, mardis et mercredis à Bershka et les vendredis et samedis à Pull and Bear ou à Stradivarius. Un autre partage sa semaine entre Massimo Dutti, Oysho ou Zara Home. Le test pilote à Montpellier, qui devrait se révéler positif selon la DRH, a vocation à s’étendre dès cet été à une dizaine d’autres villes moyennes comme Pau, Rennes ou Poitiers.

La nouvelle a été accueillie avec enthousiasme par les syndicats. « La seule remontée négative de l’expérience de temps complet sur deux magasins relève de quelques difficultés d’adaptation aux différences managériales entre deux boutiques. C’est parfois difficile de prendre ses repères pour ces salariés », indique Michel Parras, délégué syndicat CGT-FO. Mais il reconnaît que l’homogénéisation des méthodes dans le groupe limite de plus en plus ce risque de “schizophrénie” des vendeurs.

Délicate logistique

Il n’est pas non plus toujours facile, pour les managers, de s’y retrouver avec ces employés présents seulement la moitié de la semaine. « Cela demande une gymnastique, en termes administratifs et logistiques. Les responsables de magasin ont parfois l’impression de jouer à Tetris pour réaliser les plannings et s’arranger pour que les vendeurs puissent poser leurs congés au même moment dans les deux magasins ! admet Virginie Reiss. Et quand un salarié est malade, il faut le remplacer aux deux endroits. »

Mais en contrepartie, l’accueil dans une boutique d’un employé qui fait déjà partie de la maison est moins lourd que celui d’un petit nouveau. « Ces vendeurs sont tout de suite performants, ils connaissent déjà les méthodes de travail, assure la DRH. Pour autant, ils bénéficient tout de même d’une formation au produit et d’un accompagnement avec un tuteur pendant deux mois, comme n’importe quel nouvel arrivant. »

Si l’intérêt de cette formule est évident pour le salarié, l’entreprise n’est pas en reste. Alors que le taux d’absentéisme global à Zara est de l’ordre de 7,5 %, il est un point inférieur sur la population en temps complet sur deux magasins. Le taux de rotation annuel, lui, a diminué de 30 % par rapport à la population à temps partiel, même s’il reste élevé, à 71 %.

INDITEX

• Activité : prêt-à-porter.

• Effectif : 4 475 personnes en France.

• Chiffre d’affaires 2011 : 13,79 milliards d’euros (monde).

Auteur

  • ROZENN LE SAINT