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CÉMOI A FORMÉ LES PLANTEURS DE CACAO

Pratiques | publié le : 02.05.2012 | CÉLINE LACOURCELLE

En accompagnant les exploitants équatoriens et ivoiriens, le chocolatier français a amélioré les conditions de production et les revenus de ses fournisseurs.

Le premier chocolatier français, tout comme l’ensemble des transformateurs de cacao, n’est propriétaire d’aucune plantation. Les liens tissés avec les fournisseurs de matières premières sont donc primordiaux. Il en va de la sécurisation des approvisionnements tant en termes de qualité que de quantité. « Depuis une vingtaine d’années, nous observons une croissance de la demande mondiale de l’ordre de 3 % par an, consécutive notamment à l’amélioration du niveau de vie dans certaines parties du globe, alors même que le cacao se raréfie », présente Patrick Poirrier, Pdg d’un groupe comptant, après cinquante ans d’existence, 3 000 salariés et 14 unités de production dont 10 en France. Parce qu’en Équateur le développement de cacaoyers hybrides entraînait une baisse de la qualité du cacao, le groupe a proposé aux producteurs de se lancer plutôt dans la culture du cacao national d’Équateur aux propriétés aromatiques plus riches. Cela nécessitait parallèlement une formation pour les aider à augmenter le rendement de leurs parcelles et donc leurs revenus.

Transfert de compétences auprès des coopératives

Pour réussir ce pari, une équipe d’experts en recherche agronomique est venue étudier les bonnes pratiques et organiser le transfert de compétences auprès des coopératives. Les techniques de taille et de greffage ont pu être développées. La création d’un centre de fermentation et de séchage en 1997 a permis de gagner du temps. « Le but étant que les coopératives forment ensuite elles-mêmes leurs adhérents », souligne Patrick Poirrier qui, pour valoriser encore un peu plus les productions, a accompagné les propriétaires vers une certification « bio ». Ce qui permet au planteur de vendre un cacao à valeur ajoutée et de percevoir une prime.

Cette première expérience en Équateur a essaimé depuis, notamment en Côte d’Ivoire, premier pays producteur de cacao. Le groupe y est implanté depuis 1997 et dispose d’une usine. La démarche est la même : collaboration avec les coopératives, professionnalisation de la filière, amélioration des rendements, équipement de centres de fermentation et de séchage.

Dans ce pays, l’initiative lancée en 2010 a pris le nom de Pacts* et s’organise sous la forme d’un joint-venture avec deux autres chocolatiers, l’Américain Blommer et le Singapourien Petra Food. Elle s’est traduite par un investissement de 3 millions d’euros. Les premiers résultats sont encourageants, puisque les 7 000 planteurs entrés dans le dispositif (12 000 d’ici à 2015) ont vu le rendement de leurs cacaoyers passer de près de 400 kilogrammes à 1 tonne, et leur revenu augmenter de 30 %.

Soutien technique

Une cinquantaine de collaborateurs du chocolatier (agronomes, superviseur, chefs de centre, peseurs…) sont sur place pour assurer le soutien technique et les conduire vers plus d’autonomie. Vingt-cinq jours de formation par coopérative (22 actuellement) et par an sont dispensés directement aux planteurs adhérents pour les aider à acquérir de bonnes pratiques agronomiques, en technique de greffage notamment. D’autres experts, dépêchés par des organismes extérieurs et suivis par Cémoi, les sensibilisent au travail des enfants, au VIH et à la protection de l’environnement. Le programme d’accompagnement se poursuit au niveau des responsables des coopératives. Quatre jours de stage par an leur sont ainsi réservés pour, par exemple, s’améliorer en gestion, commercialisation et organisation. Tous, enfin, sont épaulés pour obtenir le référencement RFA ou UTZ, des labels développement durable et commerce équitable.

En Afrique comme en Amérique du Sud, Patrick Poirrier entend créer un modèle pérenne, surtout lorsqu’il sait que l’âge moyen des exploitants tourne autour de 50 ans. Pour lui, « seule une culture profitable pour le planteur suscitera les vocations ».

* Pacts : Processors alliance for cocoa traceability and sustainability.

Auteur

  • CÉLINE LACOURCELLE