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LE BONHOMME MICHELIN LAISSE ENCORE PEU DE PLACE AUX FEMMES

Pratiques | publié le : 27.03.2012 | EMMANUEL FRANCK

Le fabricant de pneus n’a atteint qu’un seul des 3 objectifs chiffrés de mixité fixés en 2009. Il progresse tout de même, sauf aux postes de production.

Le premier accord de Michelin sur la mixité, en 2005, était surtout une lettre d’intention. Le deuxième, en 2009, a doté le fabricant de pneus d’indicateurs, de quelques objectifs chiffrés et d’un plan d’action. Le troisième, dont la négociation va bientôt démarrer, devrait selon toute vraissemblance faire le bilan du précédent et rectifier ses points faibles. La mixité poursuit son chemin. « Elle est un objectif du groupe, indique Odile Brouet, manager diversité. Nous pensons que la diversité est un facteur de performance, qu’elle fait progresser le management et favorise l’innovation. Nous voulons profiter de tous les talents et souhaitons que la population de l’entreprise reflète la société. »

C’est loin d’être le cas aujourd’hui : Michelin emploie 15,4 % de femmes, mais c’est mieux qu’hier (13,4 % en 2009). Toutefois, l’évolution diffère selon les statuts. La proportion de femmes cadres a progressé de 3,3 points entre 2009 et 2011 (22,9 % des 5 179 cadres) ; celle d’Etam de 4,9 points (29,5 % des 4 648 Etam) ; tandis que celle d’ouvrières stagne autour de 4,5 % (sur 9 768 ouvriers).

Métiers féminisables

Les signataires de l’accord de 2009 (5 syndicats dont Sud, mais à l’exception de la CGT) s’étaient donnés 3 objectifs chiffrés : + 5 % de femmes par rapport à 2007 dans les métiers de l’industrie ; + 5 % de femmes dans les métiers du commerce, et + 5 % d’hommes dans les fonctions administratives. Pour y parvenir, l’accord prévoit d’augmenter la part des femmes parmi les campus managers chargés de présenter Michelin dans les écoles, et d’améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée (crèches, Cesu, télétravail…).

En outre, la direction termine une cartographie des métiers de production féminisables moyennant quelques améliorations ergonomiques simples et peu onéreuses. Ce document, baptisé “Diversité Way”, n’est pas encore public. La direction donne cependant quelques exemples de recommandations : création de vestiaires pour les femmes et utilisation de chariots téléguidés pour déplacer les pneus.

Selon la CFDT, qui se fonde sur le dernier pointage d’avril 2011 de la commission de suivi de l’accord, la proportion d’hommes dans les métiers administratifs progresse de 8 % par rapport à 2007 ; celle des femmes dans les métiers de la vente de 1,5 % ; mais celle des ouvrières ne bouge pas.

Un seul des 3 objectifs est donc atteint. Toutefois, la CFDT tient à relativiser : « Certes, la féminisation des métiers de la vente n’est pas conforme à l’objectif, mais auparavant, il n’y avait pratiquement que des hommes. En outre, il est difficile de recruter dans ces fonctions où l’on passe beaucoup de temps sur les routes. »

S’agissant des métiers de l’industrie, la CFDT fait remarquer qu’il y a des postes à pourvoir, mais que peu de femmes postulent ces emplois en 3 x 8 au salaire peu attractif. La direction explique, de son côté, que les ouvrières étant un peu plus âgées que les ouvriers, elles sont nombreuses à partir à la retraite. De ce fait, il est difficile d’augmenter leur proportion dans les effectifs.

Les IRP ne donnent pas l’exemple

L’accord de 2009 prévoit également de mesurer la proportion de femmes parmi les élus, les mandatés et les adhérents. « C’était une demande de la direction, qui ne voulait pas être la seule à avoir des contraintes », explique la CFDT, qui déclare 8 % de femmes parmi ses élus, et 9 % parmi ses adhérents sur le site de Clermont.

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK