Les transformations démographiques de la population salariée, avec les départs à la retraite des baby-boomers, rencontrent les transformations organisationnelles du travail. Celui-ci s’est diversifié, complexifié, intensifié dans un contexte où les espaces de liberté, les possibilités d’anticiper et de s’organiser individuellement comme collectivement ont diminué, et où les entrées-sorties de l’entreprise ont augmenté. Les temps non immédiatement productifs, comme ceux consacrés à l’accueil des nouveaux embauchés ou à la formation, se sont aujourd’hui réduits. La mobilité et la polyvalence contribuent à la constitution d’une entreprise à géométrie variable, où la capacité à s’adapter semble avoir plus de valeur que l’expertise et l’expérience accumulée. Tout bouge tout le temps, à charge pour chacun d’en faire plus pour gérer les difficultés que cela peut engendrer. Dans ce contexte, les problèmes de santé des travailleurs sont renvoyés à des caractéristiques individuelles, alors même qu’il serait plus que jamais utile d’en percevoir la dimension collective, notamment concernant les seniors. Pour répondre à ces nouveaux enjeux, le Centre de recherches et d’études sur l’âge et les populations au travail (Créapt) se propose de montrer le caractère conditionnel de l’approche des relations entre âge, santé et travail, dans la mesure où la construction de l’expérience du travail dépend des caractéristiques de l’emploi et des marges de manœuvre permettant de construire des stratégies individuelles. Un livre qui revient sur les stéréotypes attachés aux seniors et montre la responsabilité de l’entreprise dans leur employabilité ou leur maintien en fonction.

La Vie professionnelle : âge, expérience et santé à l’épreuve des conditions de travail

Coordonné par A.-F. Molinié, C. Gaudart, V. Pueyo, Octarès Editions, 396 pages, 30 euros.