Faire plus avec moins, tel est le diktat auquel est confronté Pôle emploi. Né de la volonté de simplifier le système en instituant un guichet unique pour l’aide à la recherche d’emploi et l’indemnisation du chômage, Pôle emploi a vu le jour en pleine crise économique, à un moment où le chômage augmentait et où les deniers publics se raréfiaient.
Résultat ? Les conseillers, chargés à l’origine d’accompagner 60 chômeurs, en suivent en moyenne 120 à 130, voire, dans certaines agences, plus de 200, avec seulement quelques demi-journées par mois pour le faire. Le reste étant consacré à d’autres tâches, dont notamment l’instruction des dossiers d’indemnisation. Dans le même temps, les suppressions de CDD, au nom des économies budgétaires dans la fonction publique, s’appliquaient à Pôle emploi comme ailleurs, mettant l’agence dans la situation ubuesque d’être la seule organisation dont les moyens diminuaient à mesure que le nombre de ses “clients” augmentait.
Gaby Bonnand, membre du bureau national CFDT de 1997 à 2010, ancien membre du conseil d’administration de Pôle emploi et président de l’Unédic, raconte ses rencontres avec des chômeurs, selon les cas, fatalistes, désemparés, furieux ou les 3 à la fois, et les conseillers, largement dépassés par la tâche et souvent insuffisamment formés pour faire face. Il raconte également, exemples à l’appui, comment la tyrannie du chiffre conduit à privilégier le quantitatif sur le qualitatif, en mettant l’accent sur le suivi mensuel personnalisé qui a servi de réclame pour faire la promotion du guichet unique, quitte à priver ce suivi de tout sens, faute de temps. Le cri de colère d’un homme qui réclame des résultats et pas seulement des statistiques.
Pôle emploi. « De quoi j’me mêle ? »
Gaby Bonnand, Les éditions de l’atelier, 142 pages, 18 euros.