Bien que les cas de maladies professionnelles augmentent, la tendance des institutions en charge de la santé au travail est de relativiser, voire de minorer les incidences négatives du travail, en rendant difficile le recensement des situations à risque et en limitant les tâches d’information pesant sur les entreprises.

En dehors de la question de savoir si telle ou telle maladie est directement liée à l’exercice d’une profession, un fait majeur subsiste : l’inégalité de l’espérance de vie et de l’espérance de vie en bonne santé selon les catégories d’emploi. Un ouvrier a par exemple 10 fois plus de risque de mourir d’un cancer avant l’âge de 65 ans qu’un cadre supérieur. Pour tenter de contrer la tendance à l’invisibilité des problèmes de santé au travail et la dérégulation qui menace les salariés au nom de l’intérêt économique, des chercheurs et des professionnels impliqués dans le champ de la santé au travail, dans le cadre du programme Santé environnement-Santé travail de l’Agence nationale de la recherche, ont tenté d’éclairer les zones d’opacité entourant les effets du travail et interrogé de manière critique la production de connaissances sur le sujet dans une approche multidisciplinaire appuyée sur la comparaison des situations internationales.

Sont notamment envisagés les rapports de pouvoir et de dépendance entre les industriels et la production de connaissances dans le champ scientifique, la production et l’usage des statistiques publiques dans différents contextes nationaux et l’incidence des luttes syndicales et associatives comme contre-pouvoir au déni des risques professionnels et industriels.

Santé au travail, Approches critiques

Sous la direction d’A. Thébaud-Mony, V. Daubas-Letourneux, N. Frigul et P. Jobin, La Découverte, 360 pages, 32 euros.