La logique de la gestion par les coûts érigée en norme tend à précariser l’emploi et à gonfler le chômage. Notre société post moderne paraît au bord de la faillite. Pour Laurent Habib, Pdg D’Euro RSCG C & O et directeur général d’Havas France, cela devrait être l’occasion de pousser le bouchon plus loin en osant le passage à une économie de l’immatériel. Pour lui, la satisfaction des seuls besoins matériels n’est plus à même de générer la croissance.

Partant du constat qu’il y a des lustres que les entreprises industrielles vendent des services et leur image autant que des biens, l’auteur, fidèle à son métier – le commerce des images –, suggère de réorienter la totalité de notre économie en ce sens. Il étaye son propos sur une supposée logique interne de développement du capitalisme dans le sens de la dématérialisation. Peu à peu, le client semble devenu plus important que le bien proposé. L’offre doit donc lui coller encore plus à la peau. Il n’y aurait plus alors qu’à suivre cette pente pour faire reposer l’essentiel de la valeur ajoutée sur les seules idées, marques, savoirs, brevets, cultures, etc., en tant qu’elles satisfont les besoins modernes de reconnaissance et de gratification narcissique ! Le hic, c’est que les pays qui tirent leur épingle du jeu économique sont, au contraire, ceux qui ont su conserver une place de choix au secteur industriel, producteur avant tout de biens tangibles.

À croire trop vite advenu le temps du fantasme tout puissant, ne risque-t-on pas de proposer de la poudre aux yeux en guise de remède pour notre économie malade ?

La Force de l’immatériel

Laurent Habib, PUF, 70 pages, 6 euros.