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L’égalité hommes-femmes inspire peu les candidats à la présidentielle

Actualités | publié le : 06.03.2012 | EMMANUEL FRANCK

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L’égalité hommes-femmes inspire peu les candidats à la présidentielle

Crédit photo EMMANUEL FRANCK

Les propositions des principaux candidats à l’élection présidentielle en faveur de l’égalité hommes-femmes ne sont pas très innovantes. Leurs programmes officiels sont assez flous sur le sujet mais de grandes tendances se révèlent.

La journée de la femme, célébrée tous les 8 mars, n’aiguillonne pas vraiment les principaux candidats à l’élection présidentielle. C’est en tous cas l’impression qui ressort de la lecture des programmes officiels de François Bayrou, de François Hollande, d’Eva Joly, de Marine Le Pen, de Jean-Luc Mélenchon et de Nicolas Sarkozy. « Alors que les réflexions sur l’égalité professionnelle sont arrivées à maturité, les candidats ne parviennent pas à aller au-delà des grandes affirmations », note François Fatoux, délégué général de l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (Orse).

Pourtant, la question intéresse les électeurs : selon un sondage du Laboratoire de l’égalité (proche du PS) publié le 23 février, 58 % des personnes interrogées pensent que les candidats devraient en faire une priorité. En outre, le problème reste entier : l’écart de salaire entre les hommes et les femmes est toujours de 27 % en moyenne, selon une étude de l’Insee parue le 22 février.

Hormis François Bayrou, dont aucune des 20 propositions intitulées “Contre le surendettement, tout pour l’emploi” n’aborde l’égalité hommes-femmes au travail, et Nicolas Sarkozy, dont le projet n’était pas encore connu le 2 mars, tous les candidats émettent des propositions pour réaliser l’égalité professionnelle. Ils ne créent pas de lois supplémentaires et s’appuient sur celles qui existent mais qui sont peu appliquées.

Égalité salariale : un sujet pour la gauche

François Hollande, Eva Joly, et Jean-Luc Mélenchon sont les seuls à s’intéresser à l’égalité salariale. Pour eux, elle se réalisera par la sanction financière des entreprises : soit par la suppression des aides publiques (Joly), soit par la fin des exonérations de charges (Hollande, qui a précisé ultérieurement que les grandes entreprises auraient un an pour se mettre en conformité), soit par de « lourdes pénalités » (Mélenchon).

François Fatoux rappelle qu’il existe déjà une loi prévoyant des sanctions financières pour les entreprises qui n’ont pas signé d’accord ou de plan unilatéral sur l’égalité professionnelle. François Hollande pourra, quant à lui, s’appuyer sur l’article 26 de la loi du 3 décembre 2008 sur les revenus du travail, qui prévoit une réduction des allégements de charges pour les entreprises qui n’ont pas négocié sur les salaries.

Jean-Luc Mélenchon est le seul à préciser les moyens de contrôle qu’il compte mettre en place : doublement des inspecteurs du travail et restauration de la Halde.

Parentalité :

2 approches opposées

La conciliation entre les obligations professionnelles et les responsabilités parentales est abordée par Eva Joly et par Marine Le Pen. Leurs approches sont cependant très différentes. Eva Joly prévoit un « crédit temps réparti à parts égales entre les 2 parents », qui semble s’inspirer du modèle suédois, où une partie du congé est réservée au père. Le but est d’inciter ce dernier à davantage s’investir dans sa paternité. À noter que le rapport Grésy de juin 2011 propose un congé d’accueil de l’enfant partagé également entre le père et la mère, ce qui revient à allonger la durée du congé paternité à un mois.

Marine Le Pen préconise, quant à elle, un revenu parental « équivalent à 80 % du smic pendant trois ans à partir du deuxième enfant ». La mesure s’adresse au père comme à la mère. « Créer une incitation financière intéressante risque de conduire à un arbitrage financier entre le salaire et le revenu de substitution », note François Fatoux. Or, il sera d’autant plus tentant pour le parent d’opter pour le congé rémunéré que son salaire sera faible.

Sachant que les femmes ont en moyenne un salaire moins élevé que celui des hommes, « cette mesure risque de faire sortir de l’emploi des femmes d’un niveau social défavorisé, qui auront ensuite d’autant plus de mal à retrouver un travail qu’elles seront restées longtemps en congé », explique le délégué de l’Orse. Il rappelle que l’allocation parentale d’éducation des années 1990 avait déjà produit cet effet.

Aujourd’hui, les spécialistes et la plupart des syndicats s’accordent à dire que les congés parentaux doivent être raccourcis et mieux rémunérés si l’objectif est de favoriser le taux d’emploi des femmes.

Notons que si Nicolas Sarkozy n’a pas encore dévoilé ses intentions, le projet de l’UMP propose en revanche de donner la possibilité de fractionner le congé parental pendant les quinze premières années de l’enfant, et d’instaurer un droit à la formation pendant ce congé.

Temps partiel : presque oublié

Un seul candidat, Jean-Luc Mélenchon, déclare vouloir lutter contre le temps partiel subi, et ce grâce à la « modulation » des aides aux entreprises. Le temps partiel, parce qu’il très majoritairement féminin, explique en effet plus d’un tiers des 27 % d’écart de salaire entre les femmes et les hommes.

Jean-Luc Mélenchon est également le seul à préconiser une négociation annuelle sur l’égalité professionnelle dans les branches et les entreprises. Il s’agit d’une obligation déjà prévue par la loi du 9 mai 2001. La négociation sur l’égalité salariale est, quant à elle, obligatoire depuis la loi du 23 mars 2006.

Retraites : option égalité ou mère au foyer

La question de la retraite des femmes n’est soulevée que par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Pour le premier, ce thème devra être inclus dans la négociation annuelle sur l’égalité professionnelle. Pour la seconde, « les mères ayant élevé 3 enfants » pourront partir plus tôt à la retraite.

Actuellement, davantage de femmes que d’hommes partent à la retraite après 65 ans. En outre, les pensions des femmes sont inférieures de 29 % à celles des hommes de la même génération, y compris en prenant en compte la réversion et le minimum vieillesse.

Mixité et précarité : rien

Les questions de la mixité des métiers et de la précarité, souvent liée au temps partiel, sont totalement absentes des programmes officiels des candidats. « Tant qu’on ne s’attaquera pas à la mixité, on aura du mal à avancer, estime François Fatoux. Sur ce sujet, qui doit être traité dès la crèche, puis à l’école et au moment de l’orientation scolaire, il faudrait que les acteurs fassent davantage de sensibilisation afin que les jeunes femmes s’orientent plus souvent vers les métiers masculins, et inversement. »

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK