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Enquête

DES CONDITIONS DIFFÉRENTES À MARSEILLE ET À PLAN DE CAMPAGNE

Enquête | publié le : 21.02.2012 | NATHALIE BUREAU DU COLOMBIER

La plupart des commerces installés sur la zone de Plan de Campagne, ouverts le dimanche, appliquent les termes de la loi Mallié. Dans les magasins du centre-ville de Marseille, autorisés depuis le 29 janvier à lever le rideau, les conditions de rémunérations sont moins avantageuses.

Dimanche 29 janvier, les clients se sont pressés dans l’imposante zone commerciale de Plan de Campagne, qui compte pas moins de 200 commerces et restaurants. À une douzaine de kilomètres de là, à Marseille, les commerces de détail non alimentaires situés dans la zone d’animation culturelle et touristique de la ville (de Castellane à la Joliette) étaient, eux aussi, autorisés à ouvrir au public pour la toute première fois. Une décision préfectorale prise à la suite de l’accord conclu le 2 novembre 2011 par l’UPE 13, la CGPME13, la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC et FO, et dans la perspective des festivités prévues dans le cadre de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture.

Bientôt dans les mœurs

Seulement voilà, les rues sont restées désespérément désertes, les commerçants n’étant même pas au courant ! Si, pour l’instant, leur direction ne leur a pas encore demandé de se lever le dimanche, les employés admettent toutefois que cette pratique va bientôt entrer dans les mœurs des Marseillais qui viendront acheter « leur tee-shirt en même temps que la baguette ». Travailler le dimanche ? À Plan de Campagne, trois hôtesses de caisse de Leclerc affirment qu’elles sont volontaires. « Les temps sont difficiles et nous avons besoin d’argent », lancent-elles. Elles peuvent choisir leur journée de récupération. Celles qui ont des enfants privilégient le mercredi.

Côté salaires, en revanche, elles ne sont pas toutes logées à la même enseigne. La plus ancienne bénéficie d’un taux horaire triple du taux horaire de semaine. Les deux autres n’ont pas cette chance. En effet, depuis 2009, le géant breton de la grande distribution applique les termes de l’accord (moins avantageux) encadrant le travail dominical sur cette zone Puce, qui prévoit une majoration du salaire de 100 % du smic le dimanche et jusqu’à 110 % du smic à partir de dix-huit mois d’ancienneté. S’agissant du repos compensateur, il octroie deux jours de repos (non consécutifs) au lieu de deux et demi dans le précédent accord, signé en 2002. Le nouveau texte réaffirme également la notion de volontariat.

Début de négociations

Marseille ne bénéficie pas des mêmes contreparties. La majoration de salaire s’élève à 30 % du smic horaire pour 15 dimanches par an et seulement 15 % pour les autres. « 15 % ? C’est ridicule. Le volontariat et le repos compensateur ne sont pas inscrits dans l’accord signé à Marseille », relève Avelino Carvalho, responsable départemental CGT pour le commerce et les services. Pour Alain Beveraggi, président de l’union régionale CFTC, il s’agit d’un début de négociation : « Nous ne savons pas si les commerçants vont ouvrir le dimanche et, surtout, si leur chiffre d’affaires leur permettra de compenser ce qu’ils vont donner aux salariés. » Syndicats et patronat se sont donc donnés rendez-vous début 2014 pour renégocier les termes de cet accord.

La CGT n’a pas plus signé l’accord de Plan de Campagne que celui de Marseille. Selon Muriel Martin, secrétaire générale de l’Union locale de Gardanne, son application est variable : « Les grandes enseignes telles que Leroy Merlin, Castorama, Marionnaud sont allées bien au-delà pour des questions d’image, avec un doublement du taux horaire, alors que l’accord prévoit 100 % du smic. Les petites succursales telles que Courir, en raison de la faiblesse des effectifs, refusent parfois d’accorder les repos compensateurs. » Pour la syndicaliste, le volontariat pour travailler le dimanche se traduit par un volontariat à l’embauche : « C’est la toute première question posée lors d’un entretien. »

Pour Alain Beveraggi, les entreprises jouent le jeu en grande majorité : « Si on ne veut pas travailler le dimanche, on ne postule pas sur la zone de Plan de Campagne. La plupart des volontaires sont des étudiants qui payent leurs études en travaillant le dimanche, soit 1 000 emplois le dimanche sur les 6 000 salariés travaillant sur cette zone. » Et si les petits commerçants parviennent à organiser l’emploi du temps de leurs salariés, « quelques grandes enseignes telles que Darty et Boulanger ont choisi d’ouvrir 7 jours sur 7 depuis huit mois », faisant fi du traditionnel repos les lundis et mardis matins sur la zone. « Depuis l’accord de 2009, nous n’avons plus de jour de repos obligatoire sur Plan de Campagne. Du coup, les commerces sont ouverts les mardis matins », précise Muriel Martin.

Auteur

  • NATHALIE BUREAU DU COLOMBIER