L’entretien de seconde partie de carrière est parti sur de bons rails chez Hager France. Lorsqu’elle l’a lancé, début 2010, l’entreprise franco-allemande basée à Obernai (Bas-Rhin) s’était fixé un objectif de 200 entretiens dans les trois ans, d’ici à fin 2012. Or, elle a atteint cet objectif dès à présent. Une première série de 150 entretiens s’est déroulée dès 2010 et 54 autres ont suivi l’an dernier.

« Le chiffre pour 2011 nous semble plus représentatif, la première année ayant bénéficié de l’effet booster inhérent à un lancement. Maintenir ce rythme de croisière serait tout à fait satisfaisant », commente le DRH, Franck Houdebert.

Le potentiel est encore important : le nombre des plus de 45 ans dépasse le millier chez Hager France, soit un tiers de l’effectif, conséquence de vagues d’embauches dominantes dans les pics de croissance d’il y a vingt ans. Mais un taux de participation de 100 % n’obnubile pas l’entreprise : elle fait reposer l’entretien sur le volontariat.

Dans ce contexte, elle a accordé un soin particulier à la préparation de l’entretien, tant dans l’information de ses potentiels bénéficiaires que dans la formation de ceux qui les mènent. Elle le connecte à son entretien professionnel d’évolution.

À l’occasion de ce rendez-vous, le manager n + 1 présente l’entretien de seconde partie de carrière au senior et lui propose de le suivre dans les semaines à venir. Ce n’est pas lui qui le mène : cette fonction est dévolue à un responsable RH ou à son assistant formation, soit une équipe d’une vingtaine de personnes qui ont suivi une formation externe à la conduite de l’entretien, dans le cadre d’une session d’une journée et demie sur le management multigénérationnel, celui des effectifs âgés, mais aussi des jeunes.

La communication sur l’initiative passe également par le Forum seniors, une journée spécifique d’information que les différents sites de l’entreprise consacrent à tous les aspects professionnels et personnels liés à la transition entre vie active et retraite (voir Entreprise & Carrières n° 1063).

« Nous souhaitons faire changer le regard des équipes managériales sur les seniors et celui du salarié sur sa fin de carrière. Le contexte législatif – fin des retraites anticipées, allongement de la durée de vie active – nous y amène de toute façon, mais l’entreprise considère déjà les seniors comme partie intégrante de son développement. La seconde partie de carrière ne s’assimile pas à la préparation du départ à la retraite », considère Marc Lalevée, responsable du développement RH.

Dans la pratique, ce discours pourrait se réduire à transformer tous les plus de 45 ans en tuteurs. Hager France cherche à balayer plus large : l’entretien débouche sur le tutorat dans certains cas, mais il a aussi généré des missions techniques comme la mise en place de nouveaux équipements de production, ainsi que des missions à l’étranger. En application d’un programme de “connaissance partagée” au sein du groupe dans le monde, des seniors vont aussi aider des collègues de France ou de l’étranger à se perfectionner dans l’outillage, un métier dont l’entreprise estime qu’il vient avec l’âge, afin créer une « communauté Hager » d’échanges dans cette spécialité.

Formant l’une des 16 mesures de l’accord d’entreprise de fin 2009 sur l’emploi des seniors, signé par toutes les organisations syndicales sauf la CFTC, l’entretien « entend redynamiser la formation et la mobilité professionnelles des seniors », ajoute Marc Lalevée. Sur le premier point, son effet levier est net : depuis son instauration, 40 % des plus de 45 ans ont suivi, de façon volontaire, une ou plusieurs actions de formation, soit 4 fois plus qu’avant. « On ne trouve pas uniquement les 46-47 ans. Les plus de 50 ans ont également bien répondu », estime Franck Houdebert, qui reconnaît toutefois que l’entrée en formation baisse à partir de 55 ans. Sur la mobilité, l’impact reste pour l’heure marginal.

• Activité : fabrication de matériel électrique.

• Effectif : 4 000 salariés. (11 200 salariés dans le groupe).

• Chiffre d’affaires 2010 : 1,4 milliard d’euros.