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Enquête

ANTICIPER LES FINS DE CARRIÈRE

Enquête | publié le : 07.02.2012 | LAURENT POILLOT

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ANTICIPER LES FINS DE CARRIÈRE

Crédit photo LAURENT POILLOT

L’entreprise articule 2 dispositifs complémentaires de gestion des carrières, l’un tous publics et l’autre dédié aux plus de 45 ans, pour maintenir le plus grand nombre de salariés dans l’emploi.

C’est un pilier de la démarche de GPEC de l’entreprise. Chez Merck Santé (1 026 salariés) et sa filiale pharmaceutique Serono (266 salariés), tous les salariés peuvent avoir accès, sans distinction d’âge, au dispositif maison Escale, conçu en 2006 pour permettre à chacun de se projeter sur son déroulement de carrière. Depuis 2007, ce processus de bilan professionnel et de construction de parcours est déployé dans les différents sites de production chimique et pharmaceutique, au siège, ainsi qu’au sein du réseau de visiteurs médicaux. Près de 50 personnes en bénéficient chaque année. « Globalement, 53 % des salariés suivis ont moins de 45 ans, 35 % ont plus de 45 ans et 12 % plus de 52 ans », détaille Véronique Perrey, la responsable emploi et développement RH.

Pilotage et accompagnement en interne

En 2011, elle a recensé 44 personnes volontaires, engagées sur des entretiens de une à deux heures, répartis sur plusieurs mois et toujours durant le temps de travail. Spécificité d’Escale : le pilotage et l’accompagnement sont effectués en interne, par des gestionnaires RH et par des managers extérieurs à l’établissement des intéressés, tous formés suivant une méthodologie d’entretiens conçue par la DRH, qui a compilé une batterie de fiches d’entretiens (tests de personnalité utilisés en recrutement, supports d’orientation…).

Une fois que le salarié a mûri sa réflexion, il en dresse une restitution orale, en présence de son manager, du RRH et de la personne qui l’a accompagné. Ce qui permet ensuite d’actionner, parmi tous les dispositifs de formation (plan, VAE, DIF, bilan de compétences…), l’instrument idoine pour faciliter un repositionnement sur un nouveau métier, de nouvelles missions, ou sur du tutorat.

Cette étape n’intervient qu’au terme d’une démarche au long cours, qui prévoit successivement de vérifier qu’Escale pourra répondre aux besoins du salarié, puis de valoriser son parcours et ses compétences, ainsi que ses motivations (son “capital personnel”), avant de dresser une synthèse de ce travail d’introspection. « Chaque rendez-vous correspond à une thématique précise », résume Annick Patissier, la chargée de développement RH qui supervise Escale.

« Toute la démarche est axée sur la responsabilisation du salarié », souligne de son côté Véronique Perrey, qui rappelle qu’à l’origine, « il n’était pas question d’opérer une stigmatisation des seniors ». Ceux-ci font cependant l’objet de dispositions spécifiques, depuis un accord d’entreprise relatif à la RSE, intitulé Accord à vivre, signé le 29 janvier 2010.

Quatre rendez-vous

Merck Santé organise dans ce cadre, depuis 2011, 4 rendez-vous à différents âges. Dès 45 ans, un premier entretien doit inciter le salarié à rester acteur de son parcours. À 52 ans, l’entretien aborde le maintien de la motivation professionnelle, au regard du parcours effectué. À 55 ans, il est question des aménagements de temps de travail. Puis, à 57 ans, des perspectives de fin de carrière et de départ à la retraite. Ces jalons, posés avant la loi de réforme des retraites, pourraient être révisés dans la perspective d’une sortie à 62 ans et des entrées plus tardives dans l’activité professionnelle.

La DRH n’a pas encore dressé un bilan complet de ces entretiens. Cependant, Annick Patissier est satisfaite : « C’est un espace de libre expression sur les conditions de travail en lien avec l’âge. » « Les RRH tiennent à réaliser eux-mêmes ces entretiens, complète Véronique Perrey. Parce qu’autrement, on perdrait des informations importantes sur le contexte de travail. »

Préparer son départ

L’enjeu est aussi de préparer la cessation d’activité. Merck Santé a refondu son ancien usage de préretraite. Désormais, chaque salarié bénéficie d’un jour rémunéré d’absence par semaine dans les trois ans précédant son départ. Il est également possible, dès 55 ans, d’utiliser les droits à congés du CET pour travailler 4 ou 4,5 jours par semaine, ou bien encore de passer à temps partiel, avec maintien des cotisations retraite à taux plein.

Trois syndicats (CFDT, CFTC et CGC) ont signé l’accord de RSE, mais pas la CGT. Alain Moralès, délégué syndical central, s’en explique : « Je n’ai pas pu obtenir que tout salarié reclassé après une longue maladie, en particulier d’origine professionnelle, puisse conserver le même salaire que dans son métier précédent. »

MERCK SANTÉ

• Activité : fabrication et commercialisation de produits pharmaceutiques.

• Effectif : 1 292 salariés (avec la filiale Merck Serono).

• Chiffre d’affaires : 760 millions d’euros.

Auteur

  • LAURENT POILLOT