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Enjeux

Participation et collaboration

Enjeux | LA CHRONIQUE DE MERYEM LE SAGET | publié le : 07.02.2012 | MERYEM LE SAGET

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Participation et collaboration

Crédit photo MERYEM LE SAGET

Réunions participatives, écoute des collaborateurs, groupes de travail, recueil d’idées : l’entreprise d’aujourd’hui est devenue participative. Mais est-elle pour autant collaborative ? Tentons de clarifier le sujet.

Les personnes sont généralement contentes de donner leur avis sur les sujets qui les concernent. Elles ont pris l’habitude de manier le Post-it et de s’exprimer. Elles produisent d’ailleurs des contenus de qualité : projet d’entreprise, idées innovantes, vision partagée, charte de valeurs, amélioration des plans d’action, etc. Pour autant, les décisions finales sont portées par la hiérarchie. C’est le comité de direction qui supervise la synthèse des résultats, établit les priorités et conçoit le déploiement de l’action.

Ce procédé marche très bien. Il allie participation et hiérarchie, profusion d’idées et synthèse, créativité et convergence. Les personnes sont mieux à même de mettre en œuvre les plans d’action parce qu’elles les comprennent. On adhère plus facilement aux décisions auxquelles on a contribué. Dans ce modèle, chacun participe, tout en restant dans son activité, et sans doute aussi dans sa conscience individuelle, son ego.

Avec la collaboration, la règle du jeu est un peu différente. L’appel à la participation est toujours présent, bien sûr, mais l’approche sollicite davantage d’engagement de la part de chacun. Elle requiert sans doute également une conscience d’un degré plus élevé.

Tout d’abord, au lieu du pré carré où chacun cultive son jardin et communique avec les autres au-dessus du muret, nous sommes dans la métaphore de la rizière. Un champ commun et une création collective. Il faut donc partager ensemble une passion, avoir un intérêt commun, aller au-delà de « ce que j’y gagne personnellement ». La collaboration se situe dans un registre transverse, au-delà des cloisons entre les activités. On ne raisonne plus territoire mais contribution, chacun avec son expertise et son angle de vue, dans un exercice de cocréation collective avec un résultat tangible. Les mots clés sont partage, transparence, approche systémique, interdépendance, sens collectif.

La deuxième particularité de la collaboration est le degré de responsabilité. Dans la participation, ce sont les leaders de l’entreprise ou du projet qui portent principalement la responsabilité de la mise en œuvre, en s’entourant bien sûr du bon vouloir de tous. Dans la collaboration, chaque acteur s’engage à faire avancer les choses et prend des initiatives au service du résultat visé par le groupe. Chacun prend la responsabilité de contribuer, de co-créer et de comettre en œuvre, à l’intérieur du cadre défini ensemble. Au-delà de l’empowerment (le vrai), les entreprises les plus avancées dans cette pratique progressent même vers une forme de coleadership.

Troisième particularité, et non la moindre : la collaboration demande un nouvel état d’esprit. Il ne s’agit plus d’être en attente de reconnaissance personnelle, de directives précises, de feu vert ou rouge. Le défi est de sortir de la relation parent-enfant, du confort d’avoir un chef qui organise et décide pour tous, afin d’atteindre une nouvelle conscience de partenariat. On est ensemble sur le même bateau, on partage une même vision, et l’on coconstruit les solutions. Cela demande à chaque personne de sortir de son ego, aux managers de partager le pouvoir et à l’entreprise d’oser inventer l’avenir.

Auteur

  • MERYEM LE SAGET