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L’alternance manque de moyens et de patrons issus de ses rangs

Actualités | L’INTERVIEW | publié le : 07.02.2012 | LAURENT GÉRARD

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L’alternance manque de moyens et de patrons issus de ses rangs

Crédit photo LAURENT GÉRARD

E & C : Le président de la République a annoncé le vote d’un texte au mois de février pour porter à 5 %, entre 2012 et 2015, le quota de jeunes en alternance et en apprentissage dans les entreprises de plus de 250 salariés, sous peine d’un doublement des sanctions. Qu’en pensez vous ?

J. B. : Je me félicite de l’ambition, mais je m’inquiète des moyens envisagés. L’alternance constitue aujourd’hui la “martingale du recruteur”, puisque les contrats d’apprentissage et de professionnalisation permettent d’embaucher un jeune diplômé ayant deux à trois ans d’expérience, formé aux spécificités de l’entreprise et immédiatement opérationnel tout en ayant le même niveau académique que les autres diplômés. Cependant, la proportion encore assez faible de jeunes en alternance dans les entreprises est liée à un manque de moyens financiers, et non à une insuffisance de sanctions à l’encontre des entreprises ne respectant pas les quotas fixés par la loi.

E & C : Un manque de moyens ?

J. B. : Le développement de l’alternance, et surtout de l’apprentissage, est limité par son financement. Les deux systèmes ont atteint leurs limites ou en sont très proches. L’apprentissage, par exemple, dépend de trois principaux financeurs : les conseils régionaux, qui sont aujourd’hui exsangues ; les entreprises, dont la masse salariale globale ne sera pas en augmentation ; et les branches professionnelles, qui ne peuvent favoriser l’apprentissage qu’au détriment de la professionnalisation, en transférant les crédits à disposition vers l’un ou l’autre de ces systèmes.

E & C : Qu’est-ce qui, selon vous, favoriserait un décollage de l’alternance en France ?

J. B. : Le point fort du système allemand n’est pas la qualité de son alternance, mais sa cohérence avec un système de gestion des carrières, où la promotion interne est l’origine d’un grand nombre de dirigeants. Ceux-ci sont en effet majoritairement issus de ce modèle qui permet de rapprocher les mondes de l’entreprise et de l’éducation, et de valoriser l’expérience. Les entreprises françaises auraient tout intérêt aujourd’hui à développer des dispositifs de promotion professionnelle allant jusqu’aux plus hautes fonctions de l’entreprise.

* Groupe de formation professionnelle d’ingénieurs par l’apprentissage et de formations professionnelles supérieures en alternance.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD