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LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

« L’ attitude de l’État est incompréhensible »

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Interview | publié le : 17.01.2012 | VALÉRIE GRASSET-MOREL

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« L’ attitude de l’État est incompréhensible »

Crédit photo VALÉRIE GRASSET-MOREL

E & C : Vous quittez la présidence du CNFPTLV au terme de huit années de mandat. Quel bilan en faites vous ?

D. B. : Le Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie, créé par la loi de 2004, a vu, en 2009, ses missions élargies dans le champ de l’évaluation des politiques nationales et régionales, sectorielles et interprofessionnelles ; et celui des premières formations professionnelles. Tout en étant l’instance de consultation des acteurs – État, régions, partenaires sociaux, consulaires – sur les textes légaux et réglementaires et sur la conception et le suivi des politiques.

Le CNFPTLV est aujourd’hui le seul espace national de concertation entre l’État, les partenaires économiques et sociaux et les conseils régionaux sur ces questions. Le CNFPTLV leur a permis de mieux se connaître, de définir une culture et un langage communs sans rechercher à tout prix le consensus. Ce qui a été important dans l’élaboration des nouveaux contrats de plan régionaux de développement des formations professionnelles. L’élaboration des tableaux de bord communs à toutes les régions, qui recensent l’ensemble des dépenses, est un formidable et nouvel outil d’évaluation. Le CNFPTLV a fait un travail de pionnier. Les services statistiques de l’État devraient se l’approprier.

E & C : Pourtant, vous laissez entendre que vos missions n’ont pas été facilitées, et vous ne vous représentez pas.

D. B. : En effet, les missions du CNFPTLV ont été considérablement accrues, signe d’une confiance renouvelée de la part des pouvoirs publics, mais sans plus de moyens financiers et humains : une secrétaire générale, 4 cadres détachés de leur administration d’origine et 3 assistantes. Quant à son budget, il est passé de 400 000 euros en 2005 à 150 000 euros en 2012 ! Impossible d’accomplir toutes les missions imparties avec de tels moyens, en particulier en matière d’évaluation.

Je ne suis pas candidat à ma succession : le gouvernement choisit qui il veut. Être obligé de demander constamment, et sans succès, les moyens nécessaires est lassant. Je ne vous cache pas non plus une certaine difficulté dans la dernière période à comprendre l’attitude de l’État vis-à-vis du Conseil. Par exemple, son refus de nous présenter des arrêtés importants, comme ceux relatifs aux frais de gestion et au dossier de demande d’agrément des Opca (lire Entreprise & Carrières n° 1057).

Il est temps pour le CNFPTLV de se renouveler. Et la mise en œuvre, au 1er janvier 2012, du décret du 26 août qui modifie ses missions et la composition du conseil est l’occasion naturelle de laisser ma place à un nouveau président.

E & C : Quel bilan faites-vous de l’actuelle réforme de la formation ?

D. B. : Il est trop tôt pour effectuer le bilan des lois de 2009 et de 2011 (Cherpion), et encore plus prématuré d’envisager une nouvelle réforme : le monde de la formation a besoin de stabilité juridique. Néanmoins, il serait bon d’approfondir des sujets tels que la formation initiale différée, le financement de l’apprentissage, l’objectif des formations et la gouvernance des politiques. Il n’existe toujours pas de stratégie globale de formation.

Auteur

  • VALÉRIE GRASSET-MOREL