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VALORISER L’ÉLITE DES TECHNICIENS ET INGÉNIEURS

Enquête | publié le : 17.01.2012 | C. M.

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VALORISER L’ÉLITE DES TECHNICIENS ET INGÉNIEURS

Crédit photo C. M.

L’entreprise aéronautique a mis en place une reconnaissance au niveau groupe pour ses experts les plus expérimentés. Même si elle ne leur propose pas de progression de carrière vraiment spécifique, les salariés choisis se sentent valorisés.

En nommant seulement 250 salariés “experts groupe” sur 56 000 collaborateurs dans le monde, Safran a choisi de réserver cette voie à l’élite de ses ingénieurs et techniciens, seniors très expérimentés aux compétences pointues. « Safran est un groupe fondé sur l’innovation technologique, explique Florence Baumassy, responsable carrière et mobilité au sein du pôle développement RH, en charge des experts groupe. Chacune de nos sociétés a donc des collaborateurs qui ont une grande expertise technique. Mais les “experts Safran” ont des missions spécifiques. »

Ces missions sont au nombre de 5 : innover ; analyser, résoudre, valider ; développer et capitaliser les connaissances ; communiquer, représenter l’entreprise à l’extérieur ; orienter la recherche technologique. Elles passent par l’animation de formations techniques, la publication dans des revues spécialisées, des présentations dans des écoles d’ingénieurs ou des colloques…

Cette voie a été créée en 2005, avant tout afin de déterminer les besoins en compétences stratégiques du groupe. Chaque société fait remonter ses besoins à cinq ans pour les 23 domaines d’activité définis. « C’est, entre autres, à la suite de l’analyse de ces besoins que le pôle Safran composites a été créé, avec des experts identifiés », note Florence Baumassy.

Les candidats potentiels sont repérés au niveau de leur société et leur manager remplit un questionnaire sur leurs compétences. La candidature est présentée à un comité d’experts du domaine d’activité concerné, qui valide ou non la nomination et motive sa réponse. Deux niveaux d’expertise différents existent : les seniors et les émérites.

Toutefois, la nomination se fait plus au cas par cas que selon des règles strictes. D’ailleurs, on peut être en même temps manager et expert Safran, « à condition que cela n’empêche pas le collaborateur de remplir les 5 missions déjà citées. Or, un manager de haut niveau ne pourra pas remplir tous les critères… et pourrait donc ne pas être nommé expert groupe », précise la responsable carrière et mobilité. Et le titre peut être retiré, puisque la situation du salarié est revue tous les trois ans.

Intégrer les missions dans le travail quotidien

Pas de grille de salaires spécifique, pas de poste réservé, pas d’aménagement de temps de travail… La reconnaissance de l’expert Safran semble minimale. Ce que confirme François-Noël Leynaert, membre de la CFE-CGC, ingénieur et expert senior en électronique de puissance. Son salaire a certes été revalorisé mais pas assez pour qu’on puisse, selon lui, parler d’une « carrière expert ». En fait, cette voie reste moins valorisée que celle de manager. « On peut devenir directeur à 40 ans. Le temps de l’expertise reste beaucoup plus long », remarque-t-il.

Malgré cela, une attention particulière est portée à ces collaborateurs, puisque, depuis 2011, un salarié de la fonction RH est chargé de leur suivi au sein de chaque société du groupe. Et Safran Corporate University a développé une formation de dix jours portant sur la manière d’intégrer les missions d’expert groupe dans le travail quotidien. « Nous souhaitons qu’à terme, tous les experts Safran suivent cette formation », déclare Florence Baumassy.

En attendant, la plus grande réussite de la voie “experts Safran” est sans aucun doute la mise en réseau : ils ont leur propre site Internet et échangent au sein de groupes constitués par domaine d’activité. « On contribue à organiser les programmes de recherche : cela fonctionne bien et permet de se faire connaître au-delà de sa société », précise François-Noël Leynaert.

Au final, si les experts groupe se sentent reconnus, c’est avant tout parce qu’ils ont été choisis – souvent sans l’avoir demandé – et ont ainsi conscience de faire partie d’une sorte d’élite. « C’est bien pour les seniors, estime Daniel Verdy, délégué syndical central CFE-CGC. Cela redonne du cœur à l’ouvrage à ceux qui se sont retrouvés sur une voie de garage vers 55 ans parce qu’ils ne voulaient pas être managers. » Cette forme de reconnaissance semble, de plus, contribuer à fidéliser ces salariés aux compétences très recherchées : « Des chasseurs de têtes sont prêts à leur faire des ponts d’or. Reconnaître leur valeur permet de les garder dans le groupe », conclut Daniel Verdy.

SAFRAN

• Activité : aéronautique, défense, sécurité.

• Effectifs : 56 000 salariés dans le monde, 36 000 en France.

• Chiffre d’affaires 2010 : 10,8 milliards d’euros.

Auteur

  • C. M.