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UN CHANTIER TEST POUR LA LUTTE CONTRE LES TMS CHEZ DUMEZ

Pratiques | publié le : 10.01.2012 | CHRISTELLE MOREL

L’entreprise de BTP limite les manutentions, les vibrations et le port de charges lourdes sur un chantier pilote, afin de soulager les maux de ses compagnons.

En 2010, le service prévention de Dumez Île-de-France, entreprise de bâtiment de 350 salariés, constate que le nombre de dossiers pour maladies professionnelles déposés par des salariés en âge de partir à la retraite a nettement augmenté en six ans : de 2 ou 3 par an à partir de 2004, il atteint 8 à 10 en 2008 et 2009. Plus de 60 % concernent des TMS touchant principalement les membres supérieurs : poignets, coudes, épaules…

Une équipe impliquée

« Nous avons donc décidé d’agir, en commençant par un chantier test pour lequel on savait que l’équipe serait motivée », explique Pascaline Benoist, conseillère prévention de la PME. En l’occurrence, la construction d’un foyer de 150 chambres à Goussainville (Val-d’Oise), dont le maître compagnon chef de chantier, Jean-Luc Chaumier, est par ailleurs membre du CHSCT.

L’équipe entière, soit une quinzaine de personnes, a été impliquée, ainsi qu’un plâtrier sous-traitant. Ont aussi participé : un contrôleur de la Cramif (caisse régionale d’assurance maladie) et un ergonome de Vinci Construction France (VCF), dont Dumez est une filiale. « Tout le monde a joué le jeu et cela a largement contribué à la réussite de l’opération », assure la conseillère prévention.

Le service prévention a commencé par faire remplir aux compagnons un questionnaire sur leur manière de travailler et sur la pénibilité. « Cela a instauré un climat de confiance qui a facilité les échanges et la mise en place de nouvelles façons de faire », explique Pascaline Benoist.

Concrètement, l’action a consisté à trouver des solutions ad hoc pour limiter les manutentions, les vibrations et le port de charges lourdes. Parmi les améliorations : le remplacement de machines à air comprimé, bruyantes et qui provoquent des vibrations, par un outillage électrique ; le choix d’étais plus légers « mais aussi deux fois plus chers », selon Jean-Luc Chaumier, et de barres à mine en aluminium de 6 kg au lieu de 15 kg ; l’installation sur roulettes du moule à poutres ; l’utilisation d’une servante mobile (grosse caisse de rangement) pour regrouper le matériel, obligeant à ne rien laisser traîner sur le sol.

De plus, les échelles ont été remplacées par un escalier amovible, manipulable par grue, et le maître d’ouvrage a autorisé la mise en service de l’ascenseur du bâtiment dès la phase de gros œuvre pour faciliter les déplacements des ouvriers.

Récompensée par la Cramif

Tous ces changements ont été rendus possibles par l’accord de la direction : « On ne me reproche jamais de dépenser trop quand il s’agit de sécurité et de conditions de travail », affirme Jean-Luc Chaumier, qui dit ne pas avoir chiffré le surcoût. Par ailleurs, Dumez Île-de-France loue son matériel au dépôt de VCF. Cela permet de modifier les outils au fur et à mesure de l’avancée du chantier. L’ensemble de l’action a valu à la PME de recevoir, en novembre, un trophée Cramif dans la catégorie TMS et ergonomie au travail.

Reste maintenant à étendre ces bonnes pratiques : le dépôt de VCF généralise peu à peu l’utilisation d’outils améliorés, comme le moule à poutres sur roulettes.

Quant aux compagnons qui ont participé à la démarche, « ils sont désormais moteurs sur d’autres chantiers », assure Pascaline Benoist. Elle-même suggère des améliorations, lors de ses passages sur les chantiers, et échange régulièrement avec les autres services prévention de l’entreprise.

La direction a fait du sujet une priorité et le recrutement d’une ergonome stagiaire a été acté pour 2012.

Auteur

  • CHRISTELLE MOREL