Qu’il y ait en regard des 10 % de chômeurs beaucoup d’offres d’emploi non satisfaites n’est pas une découverte. Marie-Thérèse Bertini, patronne de PME, rappelle cette situation pour mettre en accusation un système qui, selon elle, génère massivement de faux chômeurs en démotivant les candidats à l’emploi. Les facteurs de la démotivation seraient à chercher du côté de l’indemnisation du chômage et du fonctionnement de Pôle emploi qu’elle qualifie sans ambages de « plaie emploi ». Au titre de l’inutile fatras qui coûterait très cher au pays, elle aligne pêle-mêle les bilans de compétences, les formations bidons qui “enferment” le demandeur d’emploi, le temps passé à peaufiner des CV inutiles, le risque de perte de revenu pour le chômeur qui retrouve un emploi si celui-ci s’avère ne pas lui convenir, les seniors dispensés de recherche d’emploi, la difficulté pour une entreprise d’entrer en contact avec un conseiller et, surtout, l’incompétence de l’agence qui envoie aux entreprises des candidats qui n’ont pas le profil… L’auteure n’hésite pas à faire remonter l’apparition d’un chômage de masse à la création de l’ANPE en 1967 ! Même son de cloche pour : l’Apec, service facturé mais d’aucune utilité aux entreprises ; le corps médical, qui distribuerait à tour de bras des arrêts ; les prud’hommes, qui cherchent de vaines querelles aux pourvoyeurs de travail ; l’Urssaf, hantise des petits patrons, etc.
Rien d’étonnant, dès lors, que les solutions proposées par l’auteure passent par la « réhabilitation du travail », l’abandon de la logique d’assistance, un service privé pour le reclassement des chômeurs, l’imposition d’un quota d’heures de travail pour les chômeurs indemnisés et autres mesures du même acabit. Cela nous permettrait de revenir rapidement à une situation sociale digne du… 19e siècle. Voir ainsi les politiques sociales depuis sa boutique est consternant !
La Fabrique des chômeurs
Marie-Thérèse Bertini, David Reinharc, 116 pages, 13 euros.
