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La Franche-Comté soigne son secteur sanitaire et social

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 22.11.2011 | VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE

Une analyse commune des besoins en formation du secteur sanitaire et social a permis d’affiner les interventions de la région et des Opca.

« Dans le secteur très fragmenté du sanitaire et social, chacun n’a qu’une vision partielle, estime Gilles Valadon, secrétaire régional d’Unifaf, l’Opca du médico-social non lucratif. Dès 2005-2006, nous avons souhaité un travail en réseau, mais certains ont trouvé ambiguë cette initiative émanant d’un Opca. »

En 2007, le conseil régional de Franche-Comté a repris l’idée, en prévoyant la construction d’un « dispositif d’observation permettant une meilleure analyse des besoins » dans son schéma régional des formations sanitaires et sociales. Objectif, selon Isabelle Wertheimer, référente de cette politique à la région : pallier « l’émiettement des sources d’information et le manque de fiabilité et d’homogénéité des données ». Ainsi est né un réseau régional d’observation RH dans le champ sanitaire et social (lire l’encadré), unique en France, et animé par Efigip, structure de prospective sur l’emploi et la formation (Oref-carif).

Le réseau a lancé en 2008 une première enquête sur les métiers les plus en tension (infirmier, aide-soignant, aide à domicile…). Les Opca Unifaf (secteur privé) et ANFH (secteur public) ont diffusé le questionnaire auprès de leurs adhérents, dont 80 % ont répondu. « La situation des infirmiers, auxiliaires-puéricultrices et manipulateurs radio s’est finalement révélée moins tendue que celle des kinés, cadres de santé et aides à domicile », commente Valérie Marcand, chargée d’études à Efigip.

Métiers en tension

En 2010, le réseau a diffusé un questionnaire allégé et n’a obtenu que 30 % de réponses en moyenne ; mais les résultats, récemment publiés, apportent tout de même certains enseignements. Ainsi, les employeurs n’ont, depuis la réforme des retraites, aucune vision du nombre de départs, même à un an ; les métiers de cadre de santé et de kiné sont toujours en tension dans tous les types d’établissements ; les hôpitaux n’ont plus de difficultés de recrutement d’infirmiers, contrairement aux collectivités ; les aides-soignants manquent à présent surtout dans les établissements pour personnes âgées ou situés en zone rurale…

Conséquence de ces enquêtes : dès 2008, la région a décidé de cofinancer des formations qualifiantes à ces métiers, même à ceux d’encadrement. « Au début, nous avons ciblé certaines filières, explique Isabelle Wert­heimer.?Mais, à présent, nous nous recentrons sur les salariés ayant peu ou pas de qualification ou en insertion, ceux engagés en VAE et les personnes les plus en difficulté. Les Opca ajustent eux aussi leur intervention sur ce qui est de leur ressort, comme les directeurs et chefs de service. »

« Une augmentation des effectifs d’aides-soignants et d’infirmiers, et une diminution du taux de directeurs seniors entre 2008 et 2010, prouvent que ces actions ont eu un effet », confirme Gilles Valadon.

Particularité du côté du secteur public : l’ANFH a tenu à diffuser, en 2010, le même questionnaire qu’en 2008. « Les hôpitaux sont très demandeurs d’informations, du fait de contraintes budgétaires croissantes, assure Marie-Catherine Ehlinger, déléguée régionale. Nous avons eu 70 % de réponses. » Cela a permis de distinguer les métiers en tension (c’est-à-dire ayant un taux élevé de postes vacants ou occupés par des personnes “faisant fonction” sans avoir le diplôme requis, comme les cadres de santé) et les professions sensibles présentant des difficultés de recrutement et/ou de fidélisation.

Pour les métiers en tension, l’ANFH a budgété 10 millions d’euros afin de financer des formations promotionnelles en 2010 et 2011. Les établissements apportent, de leur côté, 4 millions d’euros, soit près de la moitié de leur plan de formation.

Quant aux métiers sensibles, « l’Agence régionale de santé assure que les écoles forment suffisamment de personnes, note la déléguée régionale. Nous devons donc savoir où elles vont. » Elle a ainsi lancé l’idée d’une étude transversale de ces flux : « J’espère être entendue, car, si nous avons développé une culture commune, nous n’avons pas encore d’objectifs communs. »

Rapprochement bénéfique

Un des bénéfices de ce réseau est le rapprochement entre Opca : l’ANFH et Unifaf ont travaillé ensemble sur les pratiques professionnelles, étudient une formation réunissant leurs salariés respectifs, et mènent un référencement de l’offre de formation au nouveau métier d’assistant de soin en gérontologie.

« Pourquoi ne pas aller plus loin ?, lance Marie-Catherine Ehlinger. Par exemple en rapprochant les rémunérations des aides-soignants du public et du privé. »

QUI COMPOSE LE RÉSEAU ?

Le réseau rassemble les représentants de la fonction publique territoriale et hospitalière, le sanitaire, social et médico-social (à but lucratif ou non), l’aide à domicile privée (à but lucratif ou non), les foyers de jeunes travailleurs, les particuliers employeurs et les centres sociaux et socio-culturels, ainsi que ceux de la région, du conseil général du Doubs, des directions régionales de la jeunesse et de la cohésion sociale, et de l’agriculture et de la forêt, de la Direccte, du rectorat, de Pôle emploi, de l’Insee, de l’observatoire régional de la santé, de l’Institut régional du vieillissement et de l’Institut régional du travail social. <www.efigip.org>

Auteur

  • VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE