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Enquête

L’EMPLOYEUR EST TENU D’EXPLIQUER LES RISQUES AUX SALARIÉS

Enquête | publié le : 08.11.2011 | C. F.

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L’EMPLOYEUR EST TENU D’EXPLIQUER LES RISQUES AUX SALARIÉS

Crédit photo C. F.

Les pertes affichées par les fonds en actions inquiètent et, bien qu’il n’existe aucun droit à compensation, les entreprises doivent veiller à ce que les salariés soient bien informés des risques.

La crise financière n’épargne pas les fonds en actions des Perco ou des articles 83. Dans diverses entreprises, les syndicats se sont émus de la perte enregistrée par des salariés. C’est le cas à Carrefour (lire p. 28) mais aussi à BNP Paribas, où les syndicats indiquent que les fonds contenant des actions du Perco ont perdu entre 12 % et 23 % depuis cinq ans. De même, le fonds dynamique du PEE, qui sert aussi à la retraite du personnel, a perdu 50 % de sa valeur. « L’épargne de toute une vie se retrouve à la merci des mouvements boursiers, commente Hélio Alcaniz, de la CFDT. C’est grave pour ceux qui partent en retraite ou qui comptaient débloquer leur capital pour faire l’acquisition d’un bien immobilier. » Les syndicats de la banque demandent des compensations salariales à la direction : « Les salariés ont joué le jeu en acceptant de miser sur des actions BNP qui ont perdu beaucoup de leur valeur, poursuit-il. Mais, la direction n’envisage d’aider que par le biais de prêts bancaires ceux qui comptaient acheter un bien immobilier. »

Responsabilité engagée

Si aucun droit à la compensation n’est prévu, les entreprises doivent néanmoins veiller à ce que les salariés soient bien informés des risques de l’épargne retraite : « La responsabilité de l’employeur est engagée. Il est important qu’il conserve des traces écrites des informations transmises », prévient Me Gilles Briens, du cabinet Fromont Briens. Le DRH doit donc veiller à ce que le gestionnaire propose une information précise et compréhensible par le salarié qui n’est pas un spécialiste de la finance. « Pour cette raison, nous avons largement développé l’information », précise Dominique Coudert, de Natixis Interépargne. Cette banque, qui gère un quart des Perco du marché, propose des formations aux salariés et aux managers, a mis en place un livret d’épargne, un conseiller virtuel en ligne, des simulateurs, une application sur les smartphones et un serveur vocal. « Si le salarié ne trouve pas son bonheur parmi les 50 000 réponses préenregistrées, il est automatiquement mis en relation avec un conseiller spécialisé », précise-t-elle.

Pour Mercer, la solution passe par des réunions d’informations régulières sur le comportement des fonds d’épargne. « Nous organisons ce type de réunion avec les partenaires sociaux, relate Patrice Plouvier. Elles évitent les mauvaises surprises et incitent les gestionnaires à la vigilance. Elles permettent de réorienter les fonds ou de revoir leur pilotage. Les grands groupes les ont mis en place. »

Norbert Gautron, actuaire du cabinet Galea & Associés, invite néanmoins les DRH à s’intéresser à la solvabilité des assureurs avant de s’engager sur un article 83. De son côté, Patrice Bonin, de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), se veut rassurant dans une tribune publiée sur le site de la FFSA : « Les fonds en euros des articles 83 garantissent le capital investi mais aussi les intérêts cumulés en euros année par année. Les sommes perçues au 1er janvier d’une année ne peuvent baisser. Le seul impact serait de minorer le taux d’intérêt versé au cours d’une année. » Il ajoute qu’avec la gestion financière en unité de compte, la « gestion à horizon » permet de diminuer l’exposition aux marchés des OPCVM.

Une part de risque

« L’inquiétude est légitime », esti­me pour sa part Dominique Coudert, qui précise que, dans le cadre de son dispositif d’information des salariés épargnants, un courrier de la direction générale leur a été adressé. « Mais l’épargne salariale est protégée et les salariés doivent rester sereins », ajoute-t-elle. Gilles Briens partage cet avis : « Rien ne serait pire que de liquider un fonds en enregistrant des pertes, alors que le marché pourrait reprendre. » Ce dernier estime qu’il faut accepter la part de risque inhérente à toute épargne. Faut-il inviter les salariés à se réorienter vers des fonds monétaires réputés plus sûrs ? « Pas si simple, commente-t-il, car ils ne peuvent pas, non plus, être sûrs à 100 %. La question de la dette souveraine grecque inquiète. Et personne ne peut garantir qu’il n’en sera pas de même demain pour la dette souveraine italienne ou même française. »

Dominique Coudert rappelle néanmoins que « les moyens existent pour protéger son épargne quand on a une forte aversion au risque : la gestion pilotée qui désensibilise les fonds alors que le salarié épargnant se rapproche de la date de son départ à la retraite, ou les nouveaux produits qui garantissent sur vingt ou trente ans le capital investi ».

Que dire de l’investissement socialement responsable ? « Il n’a pas perdu plus que les autres. Mais rien ne permet d’affirmer à ce stade qu’il est plus solide sur le long terme, indique Sandra Brisson, administratrice CGT du Comité intersyndical de l’épargne salariale. Néanmoins, pour les fonds que nous labellisons, nous organisons une surveillance régulière de leur tenue. Nous le faisons pour les PME, qui ont moins de moyens de gestion que les grandes entreprises. »

Transparence essentielle

Le CIES a néanmoins plutôt labellisé des fonds utilisés dans les PEE. « Nous nous pencherons aussi sur les Perco dans un second temps », indique Sandra Brisson. Reste que, pour Dominique Coudert, il est essentiel que les gestionnaires de compte soient transparents : « Plus les sociétés de gestion feront preuve de transparence, plus elles garderont la confiance des salariés. »

Auteur

  • C. F.