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Enquête

“ BAVARDAGE” À TOUS LES ÉTAGES

Enquête | publié le : 04.10.2011 | LAURENT POILLOT

Le distributeur et mandataire d’automobiles a lancé avant l’été un réseau social pour rendre plus “fun” les relations de travail. L’outil ouvre au salarié d’autres perspectives, comme de s’affranchir de l’e-mail et de susciter des collectifs de travail.

Depuis trois mois, ça jacasse ferme à AramisAuto.com. La direction a mis en place un outil de communication interne basé sur le principe des réseaux sociaux, Yammer (de l’anglais “jacasser”, mais aussi “geindre”…), dont elle assure qu’il ne lui a rien coûté. Jusqu’ici, en tout cas. Car il va falloir administrer les contenus apportés par les 180 salariés répartis dans l’Hexagone qui, sauf exception, ont renseigné leur profil et posté leur photo, comme dans Facebook.

Ils se sont progressivement inscrits à l’invitation, transmise par courriel, d’un collègue ou de leur manager. Trois ou quatre de ces propositions ont suffi à propager l’application. Se connectant à leur compte via leurs coordonnées e-mail professionnelles, ils lisent et s’expriment sur un “mur” d’informations. Certains ont constitué des groupes auxquels l’accès est réservé. Les informaticiens ont le leur, de même que les acheteurs et les chefs d’agence.

Diffuser les indicateurs et les projections d’activité

« Yammer me fait gagner du temps », raconte Olivier Neyme, chef de produits, qui trouve trop pesante la gestion d’une messagerie : « Là, j’ai l’impression d’être dans une communauté où les relations ne sont pas aussi normées qu’avec le mail classique. » Il s’en sert pour communiquer à la cantonade sur les indicateurs et les projections d’activité de sa famille de produits, à savoir les reprises de véhicule sans obligation d’achat.

Il a l’application sur son poste, sa tablette et son smartphone : « On peut tout aussi bien déposer un organigramme et des documents à partager que lancer des sondages dans l’entreprise sans que ces actions n’appellent de réponse formalisée. Yammer autorise un certain détachement. Vous pouvez poster des photos et réagir à une information rien qu’en cliquant sur un like (bouton d’appréciation), par exemple. » Tout l’inverse du “flicage”, selon lui : « C’est un moyen de mettre de l’affect entre des personnes qui n’ont pas l’occasion de se voir. L’outil vient matérialiser une cohésion d’équipe. »

L’exact but recherché par la DRH, Brigitte Schifano, qui aimerait accéder au palmarès Great place to work. Elle est d’autant plus attentive à l’effet du projet Yammer sur “la marque employeur” qu’elle veut réduire le turnover (non communiqué) et fidéliser un effectif en croissance continue depuis dix ans. L’initiative vient des directeurs associés, Guillaume Paoli et Nicolas Chartier. Ils ont comparé les applications du marché et sont des contributeurs réguliers du “mur”.

Communication directe et rapide

L’outil reste ambivalent : pile, il joue sur l’ambiance et le “fun”, ce à quoi la génération Y serait sensible. « Une population de 28 ans de moyenne d’âge n’envisage pas de travailler sans réseau social, a fortiori dans notre secteur e-commerce et multicanal », soutient Brigitte Schifano. Face : « Yammer échappe au contrôle, reconnaît-elle, puisqu’il introduit un mode de communication direct et rapide entre les collaborateurs, sans le filtre hiérarchique. » Ni celui des syndicats, d’ailleurs, absents de l’entreprise.

Les salariés s’en sont-ils emparés ? Trop tôt pour le dire, estime la DRH, qui se souvient de messages de bienvenue et de tuyaux échangés sur des techniques de vente à distance. Mais aussi de commentaires de bac à sable sur des photos de collègues. La direction pourrait bientôt désigner un chef de projet chargé d’analyser les pratiques afin de développer les fonctionnalités. Plusieurs salariés ont par exemple proposé d’utiliser le réseau pour monter des groupes de réflexion sur leurs procédures.

ARAMISAUTO.COM

• Activité : distribution d’automobiles.

• Effectif : 180 personnes.

• Chiffre d’affaires 2010 : 172 millions d’euros.

Auteur

  • LAURENT POILLOT