Depuis plusieurs mois, la direction de Décathlon travaille son image d’employeur ouvert aux plus de 45 ans. Elle avait déjà convaincu les deux syndicats les plus représentatifs du groupe, l’Unsa et la CFTC, de renouveler en décembre 2009 un accord triennal sur l’emploi des seniors. Cependant, l’enseigne doit améliorer son sourcing aussi bien que les représentations véhiculées dans l’entreprise. Selon un document interne mis en ligne par la CFTC, seuls 11 recrutements de personnes de plus de 50 ans figuraient parmi les premiers résultats renseignés pour les indicateurs de performance de l’accord senior. En février 2011, Décathlon ne comptait que 358 personnes de cette génération, parmi un effectif de plus de 15 000 salariés en France. Certains sites sont désertés par les plus de 45 ans. Notamment ceux couverts par la RH d’Île-de-France, où leur nombre n’atteignait que 17 personnes au mois de février !

La nouvelle mission seniors, installée depuis, a donc du pain sur la planche. Par son intermédiaire, l’entreprise veut accentuer sa présence dans les forums de recrutement spécialisés, tout en opérant des achats d’annonces sur Internet, auprès des sites tels que seniorsavotreservice.com et carriereonline.com. Elle a organisé des formations pour les 26 RRH, tout en jetant des ponts avec plusieurs rectorats en Rhône-Alpes et en Île-de-France ainsi qu’à Bordeaux, pour essayer d’attirer des professeurs d’EPS en fin de carrière tentés par une reconversion. Sans succès jusqu’ici : les personnes approchées se sont révélées « peu dynamiques », selon un document interne.

L’entreprise attend de meilleurs résultats avec l’armée française, qui l’aurait démarchée. Courant 2011, un premier partenariat avec la structure Mobilité Défense de Rhône-Alpes l’avait conduite à rencontrer une poignée de militaires de plus 50 ans. Et toujours en Rhône-Alpes, Décathlon a conclu une convention avec Pôle emploi pour l’aider à réaliser son objectif national de recrutement de… 120 personnes de plus de 50 ans en France, sur des postes de vendeur, chef de rayon, magasinier et responsable logistique. L’entreprise se propose de favoriser, par son intermédiaire, les contrats uniques d’insertion (CUI) autorisant une prise en charge par l’État de 47 % du smic brut.

Les syndicats CGT, FO, CFDT et CFE-CGC continuent de critiquer ce dispositif « minimaliste » et peu attractif. « Les emplois proposés consistent en des activités de vente ou de logistique à temps partiel, de l’ordre de 20 heures hebdomadaires payées au smic, avec un système de modulation défavorable aux salariés », confie un délégué syndical CFDT. « Jusqu’à la 35^e heure, les dépassements ne donnent lieu ni à une majoration ni à des repos compensateurs. Les gens ne restent pas. D’ici à la fin de l’année, on s’attend à 4 000 démissions de salariés, sans compter les licenciements. »

Contactée, la responsable diversité de Décathlon, Marie Pinel, n’a voulu formuler aucun commentaire, dans l’attente de « résultats plus éloquents ». Début juin, elle était venue appeler à Lyon, devant la presse, à un surcroît de candidatures de seniors.

• Activité : distribution de matériel de sport.

• Effectif : 15 000 salariés.

• Chiffre d’affaires : 2,6 milliards d’euros en 2009.