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Enquête

LES PÈRES ONT UN TRAIN DE RETARD

Enquête | publié le : 13.09.2011 | E. F.

Les dispositions décidées il y a deux ans afin de faciliter l’exercice de la parentalité des salariés et de neutraliser ses effets financiers a surtout profité aux mères.

L’accord d’Alstom Transport sur l’“équilibre travail et vie privée”, signé en juillet 2009, crée de nombreux droits destinés à favoriser la parentalité des salariés du fabricant de trains. Le texte, très novateur à l’époque, et unanimement approuvé par les syndicats, octroie notamment une semaine de congé de maternité supplémentaire, permet à la mère une reprise progressive de son activité en maintenant son salaire, et prévoit un abondement de l’entreprise pour les jours de congé pris sur le compte épargne temps en vue de prolonger le congé naissance (abondement de 100 % dans la limite de 40 jours au total), pour la mère comme pour le père.

En outre, plusieurs dispositions neutralisent l’impact financier de certains congés liés à la naissance. Ainsi, l’entreprise comble la baisse de salaire pendant ces congés (notamment lors d’un congé paternité), maintient la mutuelle pendant six mois (la cotisation salariale reste à la charge du salarié) et prend en charge toutes les cotisations retraite pendant six mois également.

Des dispositifs utilisés inégalement

Deux ans plus tard, il s’avère que ces mesures sont appréciées des salariés, qu’elles ne suscitent pas de résistance chez les managers, mais qu’elles sont inégalement utilisées. Il apparaît notamment qu’elles bénéficient plutôt aux mères et qu’elles n’ont qu’une faible incidence sur l’implication des pères dans leur paternité. Les salariées en congé maternité utilisent massivement la semaine supplémentaire qui leur est offerte ainsi que la reprise progressive d’activité. L’abondement CET est également très utilisé, mais « quasi exclusivement par des femmes », constate Françoise Crenn, directrice des relations sociales d’Alstom Transport, qui n’a vu qu’un seul homme y recourir.

Le congé paternité est davantage utilisé qu’auparavant : 98 % des pères y ont recours, contre la moitié avant la signature de l’accord. Cependant, il en reste encore 20 % qui ne le consomment que partiellement. Cette proportion atteint 47 % au siège d’Alstom Transport, qui emploie essentiellement des cadres. Enfin, le congé parental « reste marginalement utilisé », selon Françoise Crenn. Au final, l’accord n’a pas entraîné de révolution : « Il n’a que deux ans d’ancienneté, il est donc jeune. Il n’a par conséquent pas eu le temps de produire pleinement ses effets », explique-t-elle. Exception faite d’une plus forte utilisation du congé de paternité, il aurait même plutôt eu tendance à accentuer le penchant naturel de la société française à faire peser les charges parentales sur les mères.

Il faut dire que l’accord de 2009 n’a absolument pas été conçu dans le but d’équilibrer ces charges ; le débat était embryonnaire à l’époque. Son ambition était d’adapter l’entreprise à des évolutions de la société qui rendent plus difficile la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle : foyers bi-actifs, monoparentalité, parents dépendants. Mais, incidemment, ce premier bilan fait apparaître que les hommes sont les acteurs clés de l’égalité parentale. « La mise en œuvre de cet accord dépend de l’état actuel des mentalités et suit naturellement l’évolution globale de la société. C’est du côté des hommes que du chemin reste à parcourir », estime la directrice des relations sociales.

Nouvel accord

En attendant, la direction d’Alstom Transport et les syndicats achèvent les négociations d’un nouvel accord sur l’équilibre travail et vie privée, le précédent étant arrivé à échéance. Il devrait en reprendre les grandes lignes. Parmi les évolutions possibles : l’aménagement du congé paternité afin de faciliter sa prise par les cadres : « Un assouplissement des modalités permettrait de le rendre plus compatible avec les contraintes personnelles et professionnelles », déclare Françoise Crenn.

ALSTOM TRANSPORT

• Activité : fabrication d’équipements ferroviaires.

• Effectif France : 8 000 salariés.

• Chiffre d’affaires monde : 5,7 milliards d’euros en 2009.

Auteur

  • E. F.