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Enquête

L’ÉGALITÉ SALARIALE EN ATTENDANT L’ÉGALITÉ PARENTALE

Enquête | publié le : 13.09.2011 | DOMITILLE ARRIVET

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L’ÉGALITÉ SALARIALE EN ATTENDANT L’ÉGALITÉ PARENTALE

Crédit photo DOMITILLE ARRIVET

Le laboratoire pharmaceutique Bayer Santé a très significativement réduit les écarts de salaires en opérant des rattrapages, avant de prévoir des dispositions en faveur de la parentalité. Les pères y sont peu réceptifs, mais le DRH ne baisse pas les bras.

Pour que le laboratoire pharmaceutique Bayer Santé se penche en 2009 sur la question de l’égalité hommes-femmes, Luc Derache, DRH de cette filiale de Bayer qui emploie 750 personnes, reconnaît qu’il aura fallu une certaine pression législative. Mais, depuis lors, l’entreprise met un point d’honneur à ce que l’idée fasse son chemin, avec notamment un partage plus équitable de la parentalité.

Pour ce faire, la direction a travaillé à la rédaction d’un livre blanc avec une quinzaine de salariés volontaires, suivi d’un accord signé avec les partenaires sociaux en mai 2009. « Nous avons alors découvert un écart de rémunération de 6 % entre les hommes et les femmes, à poste équivalent. Or chez nous, il n’y avait d’écart ni à l’embauche ni lors des augmentations. C’est pendant qu’elles étaient en congé de maternité ou parental que les femmes se trouvaient défavorisées », relate Luc Derache.

Réduction des écarts de salaire

Pour gommer cette discrimination, l’entreprise a tout d’abord effectué un rattrapage rétroactif de 2 % par enfant dans la limite de 6 % et créé des augmentations minimales pour les femmes, même absentes pour des raisons de maternité. « L’écart a été réduit à 1,2 % », se félicite le DRH.

Aménagements pratiques

Ensuite, l’équipe a planché sur la question du plafond de verre et de ses causes : « Nous avons constaté qu’avoir un enfant n’était pas assez valorisé. Nous avons alors fait prendre en photo une quinzaine de collaborateurs avec leur enfant. Ces clichés sont dorénavant affichés à l’entrée de notre siège à Lille. Nous voulions exprimer que, certes, nous sommes collaborateurs, mais aussi des papas et des mamans », explique Luc Derache. Au-delà de cet effet de communication, l’équipe a réclamé et obtenu – c’est inscrit dans l’accord signé à l’unanimité en mai 2009 – une série d’aménagements pratiques : possibilité de temps partiel jusqu’aux 6 ans de l’enfant (environ 150 personnes y ont recours sur les 750 salariés de Bayer Santé), remboursement d’une “nounou” en cas d’absence le soir pour un séminaire, et une dizaine de places de crèche (pour Bayer, un coût de 25 000 euros par an).

La société offre aussi dorénavant aux femmes enceintes une place de parking réservée non loin des accès, et un programme de coaching pour futures mamans, afin qu’elles réfléchissent à leurs perspectives professionnelles avec un enfant à charge (coût : environ 2 500 euros pour six séances). Enfin, à leur retour, les jeunes mères bénéficient d’un accès prioritaire à la formation ainsi que d’un programme de remise en forme en institut.

Pour les jeunes pères, le livre blanc avait prévu un programme de coaching axé sur les changements que la maternité induit chez la femme, ainsi qu’une session de cours de puériculture. « Cela a fait beaucoup de buzz, mais les cours de jambon-purée n’ont pas trouvé preneur », avoue le DRH.

Aider les hommes à accepter quelques sacrifices

Pas découragé, il remet cette année le sujet sur le tapis, avec pour objectif de produire, d’ici à décembre, un nouveau livre blanc – destiné cette fois aux 3 700 salariés de l’ensemble du groupe –, dont l’objectif principal est d’aider les hommes à accepter quelques sacrifices en matière de parentalité pour en finir avec le plafond de verre. « Il faut qu’ils adoptent une autre posture. Qu’ils soient fiers d’être père. Qu’ils montrent qu’une présence auprès de leurs enfants est nécessaire à leur équilibre. Une loi sur la durée du congé de paternité n’y changera rien, le changement viendra de leur désir de se consacrer eux aussi à leur famille », milite le DRH.

GROUPE BAYER

• Activités : chimie et pharmacie.

• Effectif : 111400 salariés dans le monde.

• Chiffre d’affaires 2010 : 35 milliards d’euros.

Auteur

  • DOMITILLE ARRIVET