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LA CONVIVIALITÉ EST UN MÉTIER

Enquête | publié le : 19.07.2011 | EMMANUEL FRANCK

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LA CONVIVIALITÉ EST UN MÉTIER

Crédit photo EMMANUEL FRANCK

Depuis vingt-cinq ans, les laboratoires Boiron emploient une “maîtresse de maison”, en charge du bien-être des salariés et des visiteurs. Elle est un rouage discret mais important de cette entreprise au parternalisme assumé.

Un peu responsable de la communication interne, un peu en charge des services généraux, un brin gestionnaire des ressources humaines : tel est le profil de la “maîtresse de maison” des laboratoires Boiron. Le poste, créé il y vingt-cinq ans, n’a eu que deux titulaires. Depuis douze ans, Caroline Viennet-Godard l’occupe à temps plein : « Je veille au bien-être dans l’entreprise, qui est un peu comme une maison, avec ses habitants – les salariés – et des visiteurs – les clients », explique-t-elle.

La maîtresse de maison intervient dans trois des domaines souvent confiés à des sous-traitants, voire laissés en friche. Elle s’occupe ainsi du cadre de vie dans l’entreprise : l’architecture, le mobilier, les jardins. Elle a également en charge l’accueil : la gestion des hôtesses-standardistes (certaines sont salariées par le laboratoire), le restaurant d’entreprise, les salles de réunion, les lieux de réception.

« Conserver une âme »

Enfin, elle s’occupe de l’art dans l’entreprise, puisque les laboratoires invitent des artistes à exposer ou à créer in situ, et que les salariés sont conviés à prendre le pinceau ou la plume. Par exemple, en juin 2008, le graffeur Fred Rézine et une vingtaine de salariés ont travaillé à une fresque à la manière de Keith Haring (voir la photo en couverture).

Au jour le jour, il s’agit également pour Caroline Viennet-Godard de « vérifier que les salles de réunion ont bien été retenues s’il y a des visiteurs, de faire attention qu’on leur serve un repas compatible avec leur régime alimentaire, de s’assurer qu’il n’y a rien à changer dans les jardins ». Mais aussi de travailler à la maquette du journal interne, de faire l’accrochage d’une exposition, de communiquer sur un vernissage… C’est également elle qui se charge d’organiser la réunion annuelle des deux principaux sites des laboratoires, situés à Sainte-Foy et Messimy (69), au cours de laquelle les salariés rencontrent la direction générale.

« L’idée de ce poste est venue à Christian Boiron au début des années 1980, se souvient Caroline Viennet-Godard. L’entreprise était en train de grossir ; Christian Boiron voulait lui conserver une âme : une personne devait faire le lien. Nous nous sommes inspirés de ce qui existait déjà dans les villages du Club Méditerranée. »

Esprit de responsabilité sociale

À cet objectif premier de cohésion sociale interne s’en est ajouté un second, conforme à l’esprit de responsabilité sociale d’un laboratoire spécialisé dans l’homéopathie : « Comment pourrions-nous prôner une qualité du médicament et des soins et faire n’importe quoi dans l’entreprise ? », fait valoir cette diplômée de l’École française des attachés de presse (Efap), qui a fait toute sa carrière chez Boiron. L’efficacité du travail de la maîtresse de maison est par nature difficile à objectiver. Elle l’est d’autant plus que la direction ne cherche pas à prendre le pouls de ses salariés. « Nous avons déjà fait des sondages pour évaluer leurs attentes sur une exposition, mais pas pour connaître l’ambiance générale », admet Caroline Viennet-Godard. « Christian Boiron a l’habitude de dire qu’un salarié qui développe son potentiel de créativité n’en est que meilleur », fait-elle valoir.

L’entreprise comme une maison, le bien-être gage de créativité, l’art à la portée de tous ; Boiron, entreprise familiale, pratique un paternalisme modernisé, et l’assume : « Il y a un côté fiable dans le paternalisme », déclare Caroline Viennet-Godard.

Relation de confiance

« Ce n’est pas du paternalisme, c’est une relation d’échange et de confiance », estime de son côté Dominique Dimier, déléguée FO, le syndicat majoritaire. Elle précise que les prérogatives de la maîtresse de maison, dont elle apprécie l’utilité, n’empiètent pas sur celles des représentants du personnel, qui entretiennent de bonnes relations avec la direction. Les bons résultats économiques (chiffre d’affaires en hausse de 6,3 % sur le premier trimestre 2011) du laboratoire créent un contexte favorable. « Mais c’est peut-être aussi grâce à cette façon de fonctionner que l’entreprise se porte bien », remarque Dominique Dimier.

LABORATOIRES BOIRON

• Activité : laboratoire pharmaceutique, homéopathie.

• Effectif : 2 800 salariés en France (40 sites de production et de distribution).

• Chiffre d’affaires : 70,5 millions d’euros au premier trimestre 2011 (chiffres non audités).

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK