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L’emploi féminin a mieux résisté à la crise

Actualités | L’INTERVIEW | publié le : 19.07.2011 | VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE

E & C : Vous êtes coauteure d’une étude publiée par le Céreq la semaine dernière et intitulée “Femmes au bord de la crise”. Pourquoi ce titre ?

Virginie Mora : Parce qu’elle a pour point de départ le fait qu’au printemps 2009, pour la première fois, le taux de chômage des jeunes femmes arrivées sur le marché du travail en 2004 est passé en dessous de celui des jeunes hommes de la même génération (respectivement 12 % et 15 %). L’emploi féminin a, en moyenne, mieux résisté à la crise. On voit là un effet de secteurs – les services, où travaillent plus souvent les femmes, ont moins pâti que l’industrie – mais aussi de métiers – les services administratifs ont perdu moins d’emplois que ceux de production. Quant aux emplois précaires, on peut faire l’hypothèse que les contrats en intérim (plus souvent masculins) ont été plus faciles à interrompre que les CDD (plus féminins). Cependant, en comparant cette enquête avec celle conduite auprès de la génération 1998, nous avons constaté que la crise est en réalité venue renforcer des phénomènes agissant depuis plusieurs années au bénéfice des femmes.

E & C : Quels sont ces phénomènes et leurs causes ?

V. M. : Tout d’abord, les filles sortent du système éducatif plus diplômées que les garçons ; ce n’est pas nouveau, mais cela se renforce. En outre, depuis les années 1990, l’insertion professionnelle des non-diplômés – qui sont aux deux tiers des hommes – s’est détériorée. Cela est dû à une diminution du volant d’emplois peu qualifiés dans l’industrie, et peut-être aussi à un regard plus stigmatisant porté par les recruteurs sur l’absence de diplôme. Une analyse fine nous a ainsi permis de voir que la meilleure résistance de l’emploi féminin n’est pas due qu’à la crise, mais aussi à une transformation des dynamiques d’insertion : les temps d’accès à l’emploi et de stabilisation entre hommes et femmes se sont rapprochés. Cependant, notre enquête montre aussi que la qualité des emplois est toujours sensiblement moins bonne pour les jeunes femmes : davantage de contrats précaires et de temps partiel subi, salaires inférieurs, plus de femmes insatisfaites de leur situation professionnelle.

E & C : Pensez-vous que cette inversion de tendance sera durable ?

V. M. : Ce constat est visible sur toute l’année qui a suivi la crise. Mais il n’est pas dit que les suites de cette dernière ne voient pas un tassement de ces évolutions.

Auteur

  • VÉRONIQUE VIGNE-LEPAGE