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GRANDES MANœUVRES CHEZ LES CATEGORIELS

Enquête | publié le : 28.06.2011 |

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GRANDES MANœUVRES CHEZ LES CATEGORIELS

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Les regroupements entre syndicats ont marqué les dernières élections à Air France où, malgré de nombreux contentieux, le dialogue social se poursuit.

Près d’une vingtaine de syndicats existent à Air France, dont une majorité de syndicats catégoriels ou de métiers, chez les PNT (personnels navigants techniques, pilotes), les PNC (personnels navigants commerciaux, stewards et hôtesses) et les personnels au sol. Mais pour obtenir la représentativité, beaucoup concouraient sous une étiquette commune aux dernières élections des comités d’établissement de mars 2011.

Selon les données disponibles à ce jour, l’Unsa aérien obtient 15 % tous collèges confondus grâce à ses trois syndicats affiliés. Le Spasaf-CFDT a 12 %. La CGT reste le premier syndicat à 18 % en intégrant les voix de l’Ugict. Mais l’Ugict revendique sa propre représentativité dans le collège PNC. La CFE-CGC et FO dépassent les 10 % tous collèges confondus mais, dans les deux cas, avec un cumul de voix – contesté par d’autres organisations – avec des syndicats catégoriels ayant concouru sous leurs propres couleurs.

« Regroupements de circonstance »

Ni la CFTC, malgré son regroupement avec le SNGAF, ni Sud aérien n’atteignent 10 %. « Beaucoup de regroupements de circonstance », selon le SNPL (pilotes) qui, grâce au calcul de sa représentativité dans le seul collège PNT, n’a besoin de personne.

Le service RH n’a pu être joint pour commenter ces résultats mais, selon le service de presse, la représentativité est reconnue, au niveau de l’entreprise, à la CGT, l’Unsa, la CFDT, FO et la CFE-CGC. Ainsi qu’aux syndicats SNPL et SPAP dans le collège PNT, avec respectivement 79 % et 12 % des voix. Deux autres syndicats de pilotes – dont Alter qui conteste le déroulement des élections – n’atteignent pas 10 % dans ce collège spécifique.

Pas moins de 7 requêtes de différents syndicats devaient passer le 24 juin devant le tribunal d’instance d’Aulnay-sous-Bois (93). Certaines pourraient aboutir à une modification du paysage syndical, éventuellement après recours en cassation. « On va créer la jurisprudence », souffle un syndicaliste. Tous les syndicats jugés représentatifs par la direction sont convoqués aux négociations « centrales » concernant tous les salariés de l’entreprise, notamment les NAO. Et il semble y avoir consensus pour recalculer le poids de la signature des deux syndicats de pilotes au niveau de l’entreprise.

Insécurité juridique

Mais, pour son projet d’ouvertures de bases en province, Air France négocie apparemment avec les seuls syndicats représentatifs dans le collège PNT et avec les seuls syndicats ayant atteint 10 % dans le collège PNC, sans pour autant que ce score ne leur ouvre droit à la représentativité dans tout Air France. La direction n’a pu être jointe pour confirmation de cette pratique, qui laisse à la porte les syndicats intercatégoriels représentatifs au niveau de l’entreprise. « La direction ne les a pas invités et ces syndicats n’ont pas envie de s’immiscer dans nos affaires », déclare Philippe Vivier, vice-président du SNPL.

« C’est notre culture ; aucun syndicat représentatif n’a contesté cette absence d’invitation », confirme Nicolas Gleyze, secrétaire général Unsa. Mais, prévient-il, « nous ne laisserons pas indéfiniment les PNT négocier seuls avec la direction ».

S’il est signé par le seul SNPL, l’accord sur les bases de province pourrait-il être attaqué par des syndicats confédérés ? « Avant de faire du juridique, à Air France on fait du politique, répond Sandrine Johnson, juriste du SNPL. Et s’attaquer à un tel accord, ce serait s’attaquer au SNPL et aux pilotes. » Face à l’insécurité juridique, la fédération patronale de l’aviation conseille la prudence : inviter large et attendre la fin des contentieux pour signer des accords. La direction d’Air France n’est apparemment pas sur cette ligne.