Nulle part le rapport à la vulnérabilité n’est aussi problématique que dans l’entreprise, monde où le culte de la performance règne en maître. Le problème est que la société, y compris celle des travailleurs, est faite d’individus qui, tous, à un moment ou à un autre, pour des raisons de santé, familiales ou autres, voire souvent pour des raisons professionnelles, peuvent se retrouver en état de fragilité. La montée de la pression au travail peut alors conduire aux décompensations physiques ou psychologiques que l’on sait. Indépendamment de toute autre raison, le vieillissement inexorable de la population active multipliera les problèmes personnels, dont seul le progrès de la médecine et de la protection sociale a permis à l’entreprise de faire l’économie.

Partant du principe que la cécité de l’entreprise lui coûte plus cher que la prise en compte des fragilités des personnes, Thierry Calvat, directeur de la revue Réciproques dédiée aux solidarités familiales, et Serge Guérin, sociologue, entendent remettre l’humain au cœur de la logique d’efficience, en alertant sur le risque pour l’entreprise qui s’enferme dans une logique de performance de se couper de ses salariés mais aussi de ses fournisseurs et de ses clients.

Leur hypothèse est que, loin de constituer un frein à la bonne marche de l’entreprise, la vulnérabilité représente un formidable levier de développement si elle est bien comprise et accompagnée. Pour y parvenir, les auteurs s’appuient sur le concept du « care management » ou management par la relation humaine bienveillante qui, en impliquant l’ensemble des parties prenantes, éloigne les organisations d’une logique strictement individualiste.

Le droit à la vulnérabilité

Thierry Calvat et Serge Guérin, éd. Michalon, 130 pages, 13 euros.