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UNE REPRISE EN MAIN DES RÉGIMES

Dossier | publié le : 14.06.2011 | LAURENT POILLOT

La direction a fait auditer ses régimes de prévoyance et santé pour réduire les dépenses d’optique et ses coûts de gestion. La CGT préférerait mettre en concurrence le courtier et l’assureur.

Le désengagement de la sécurité sociale oblige les entreprises à regarder à deux fois leurs contrats collectifs de complémentaire santé et de prévoyance. Le cabinet conseil Accenture n’échappe pas à la règle. Pour maîtriser les régimes sans rogner les garanties, l’entreprise a pris le parti d’impliquer ses 5 000 salariés. Sur l’intranet, des relevés de situation montrent la progression de la consommation de soins. L’occasion, pour la direction, de placer des messages de conduite responsable, en particulier sur les frais d’optique, qui constituent l’un des premiers postes de dépenses. Les organisations syndicales, quant à elles, sont conviées une fois par trimestre à une présentation de l’évolution des régimes, « décortiquée » par le cabinet André de Larrard, courtier par qui l’entreprise a sélectionné son assureur, le Gan.

Montant des garanties

Ces initiatives procèdent d’un accord de groupe conclu en 2008. Il avait permis de coiffer l’ensemble des entités françaises, à savoir Accenture SAS et ses trois filiales spécialisées en informatique (Accenture Technology Solutions, ATS), externalisation (Accenture Services France, ASF, absorbée depuis par la SAS) et de gestion déléguée en assurance vie (Accenture Insurance Services, AIS). Toutes étaient déjà couvertes par le Gan, sauf AIS, qui avait choisi Malakoff Medéric. Or, à la même époque, l’assureur avait pointé une dégradation du rapport sinistre sur prime (S/P). « Ce taux était passé à 109 %, contre 80 % auparavant, rapporte une source syndicale. Le Gan nous avait interpellés pour augmenter les cotisations. » En 2010, la direction fait auditer son régime par le cabinet d’actuariat Winter, qui suggère à la direction de « retravailler les coûts de gestion et le montant des garanties, se souvient Mickaël Lecomte, directeur des relations sociales. Même si nous savions qu’il fallait éviter une dérive des dépenses d’optique, c’était l’occasion de mettre en concurrence l’assureur ».

Cinq pistes de réflexion

Le S/P s’établit désormais à 113 %. Depuis mars dernier, Accenture étudie cinq pistes de réflexion, dont quatre concernent l’optique : faire contrôler les dépenses de verres progressifs dès qu’ils atteignent 300 euros, contre 700 euros jusqu’ici ; organiser un réseau d’opticiens ; affiner la gestion des frais (pour discerner les articles non pris en charge, comme les produits d’entretien des lentilles)… Également à l’étude : la définition d’une grille de six niveaux de prise en charge, pour que les corrections sévères soient mieux remboursées que les verres de confort.

La dernière piste est peut-être la plus intéressante de toutes : ­l’allégement des frais de gestion courante. « Nous nous situons aux alentours de 11 %, résume Mickaël Lecomte. Le cabinet ­Winter nous a fait observer qu’ils sont plutôt de 9 % sur le marché. »

Négociation à quatre

Leur révision dépend d’une négociation à quatre, entre l’entreprise, le courtier, l’assureur et la plate-forme de gestion Cetim désignée par le Gan. Cet attelage est contesté par la CGT. Sa déléguée centrale, Nayla Glaise, dit avoir refusé de signer l’accord de groupe rendant la mutuelle obligatoire, faute d’une mise en concurrence en contrepartie. « L’entreprise a le même courtier et le même assureur depuis près de quarante ans ! », s’étonne Nayla Glaise, pour qui cette fidélité est mal récompensée : « Les frais de gestion du Gan s’élèvent à 13 % sur la maladie – dont près de 7 % rétrocédés au Cetim –, à 9 % sur les décès et à 12 % sur les arrêts de travail. » Les négociateurs devront faire preuve de doigté. Car Accenture et le Gan sont clients l’un de l’autre. Déjà, au début des années 2000, le premier avait été désigné pour opérer la migration des systèmes d’informations du second, absorbé par Groupama.

ACCENTURE

• Activité : conseil en management, technologies et externalisation.

• Effectifs : 5 000 salariés en France (215 000 dans le monde).

• Chiffre d’affaires 2010 : 14,8 milliards d’euros (monde).

Auteur

  • LAURENT POILLOT