L’un des arguments utilisés pour justifier les salaires phénoménaux des grands patrons consiste à se retrancher derrière la démesure des salaires des footballeurs de renom ou des vedettes du show-biz, moins utiles à la société que les chefs d’entreprise. Un autre argument consiste à dire que ces fameux salaires sont le fruit de la loi sacrée de l’offre et de la demande supposée régir les marchés. Mais qu’en penser quand on sait que ce marché, qui permettrait aux heureux bénéficiaires d’aller faire valoir leurs compétences ailleurs, n’existe pas ? Car, en réalité, les postes susceptibles de leur convenir ne sont pas légion. Partant du principe que la question des très hauts revenus se situe au centre du débat relatif à la rémunération et est loin d’être un sujet de société mineur, Philippe Villemus, chercheur au groupe Sup de Co Montpellier, explore la question de l’éventail des salaires dans l’intention d’en démonter les ressorts et les présupposés. Dans la foulée, il passe en revue les problèmes des inégalités, des discriminations, de la redistribution des revenus de l’activité, du partage de la valeur ajoutée, de l’utilité du labeur, de la rareté des talents, de la fabrication et de la reproduction des élites dirigeantes. Tous ces thèmes constituent pour lui les pièces du même puzzle : celui de la valeur travail, une vraie question dans une société qui voit se succéder les crises et croître la pauvreté.

Un livre très bien informé et cependant très accessible, qui revient sur des antiennes un peu “faciles” quant à la rémunération des talents, et qui pose la question de savoir si une personne, aussi talentueuse soit-elle, vaut vraiment des milliers de fois plus que le salarié lambda.

Le Patron, le footballeur et le smicard

Philippe Villemus, editions-dialogues.fr, 310 pages, 19,90 euros.