Ajouter une touche de mobilité internationale à son CV quand on est un jeune diplômé en recherche d’emploi : voilà ce que propose le programme Move to Work lancé par la ville de Tourcoing (Nord), et qui permettra à 300 jeunes, pour la plupart issus d’un milieu modeste, de partir cette année à l’étranger.

Le coup d’envoi de cette initiative a été donné le 29 mars, avec le départ de la première promotion aux Etats-Unis. Trente jeunes de moins de 25 ans, titulaires aussi bien de BTS en commerce international que de masters en ingénierie financière ou en administration publique, partent trois mois dans deux universités, dans l’Indiana et l’Etat de Washington.

Sélectionnés sur leur connaissance de la langue, ils vont suivre quatre modules de formation, notamment un stage d’immersion dans une entreprise américaine. Cette formation donnera lieu à la délivrance d’un graduate.

Ce projet, qui représente un investissement de 7 500 euros par étudiant (avion, logement et frais pédagogiques), a su mobiliser un réseau étoffé de partenaires. La mairie de Tourcoing en est à l’origine : sur son bassin d’emploi, le chômage est cinq points au-dessus de la moyenne nationale, à 13,6 % au premier trimestre 2009, et la ville compte 41 % de jeunes de moins de 25 ans, en majorité issus du milieu ouvrier textile. « Cette jeunesse est une ressource en soi, affirme le maire PS, Michel-François Delannoy. Mais elle est aussi une responsabilité. Nous rencontrons trop de jeunes diplômés dans des parcours d’échec, des bac + 6 qui s’apprêtent à prendre des emplois de caissières. Il faut stopper ces processus de discrimination. »

La maison de l’emploi Lys-Tourcoing a été chargée de l’ingénierie du programme, avec l’appui de la mission locale, qui s’est occupée de la sélection des candidats et leur a trouvé des petits boulots pour financer leur quotidien aux USA. Pôle emploi s’est également engagé dans l’initiative : les stagiaires pourront, à leur retour, intégrer le programme ARJ (accompagnement renforcé pour les jeunes) pendant six mois. Et le conseil régional Nord-Pas-de-Calais finance en partie l’action.

La direction opérationnelle a été confiée à un organisme de formation privé, Eclee (European Center for leadership and entrepreneurship education), dont le Pdg, Mahamouda Salouhou, a servi d’intermédiaire pour la partie américaine du projet, grâce à ses liens avec le vice-président de l’association Birth to work et vice-président des ressources humaines de Boeing. Car la réussite de ce type d’action réside aussi dans la faculté de mobiliser un réseau international.

La maison de l’emploi travaille désormais sur la prochaine destination, le Québec, ainsi que sur de futurs partenariats avec de grands groupes internationaux, comme Redcats, dont l’enseigne La Redoute est implantée depuis longtemps dans le Nord. Tourcoing vise 1 000 jeunes bénéficiaires du dispositif d’ici à 2013.