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Les pratiques

Reconversions douloureuses pour les fonctionnaires des thermes

Les pratiques | Retour sur… | publié le : 05.04.2011 | V. V.-L.

Le rachat des Thermes nationaux d’Aix-les-Bains par le groupe Valvital marque la fin de la restructuration de cet établissement, qui était le seul du secteur à employer des fonctionnaires.

En 2004, les Thermes nationaux d’Aix-les-Bains (TNAB), propriété de l’Etat – un cas unique –, deviennent établissement public à caractère industriel et commercial (Epic). Ce centre thermal, qui « perd des millions d’euros chaque année », selon son directeur, Philippe Plat, emploie alors 370 personnes, dont 190 fonctionnaires. Parmi eux, une majorité de “techniciens de physiothérapie”, un titre délivré exclusivement par l’Ecole des techniques thermales d’Aix-les-Bains, fermée depuis 1982, qui ne permet un exercice qu’aux TNAB.

Changement de statut pour le personnel

Or, en 2009, l’Epic est transformé en SA pour être vendu à un investisseur privé. Il faut réduire la masse salariale et changer le statut du personnel. Le 26 décembre, les fonctionnaires reçoivent un formulaire leur demandant de choisir, avant le 20 janvier, entre deux options : quitter la fonction publique pour rester aux thermes avec un CDI ou rester dans la fonction publique… et partir. Les 62 agents qui choisissent la première option reçoivent de l’Etat une indemnité de départ volontaire et les TNAB maintiennent, voire augmentent leur salaire, reprennent leur ancienneté et garantissent leur emploi pendant deux ans. « Un choix naturel », commente l’un d’eux… qui préfère garder l’anonymat pour éviter la colère des 128 autres, qui occupent la mairie pendant plus d’un mois.

Reclassement délicat dans la fonction publique

La délicate mission de reclasser ces derniers dans la fonction publique a été confiée, dès janvier 2009, à Dominique Acker, conseillère générale des éta­blissements de santé à l’Igas. Le métier de technicien de physiothérapie n’étant pas transposable, elle a fait publier un décret permettant d’obtenir des équivalences pour une partie des formations d’ambulancier, d’auxiliaire-puéricultrice ou d’aide-soignant. « Nous avons aussi œuvré pour la création d’un nouveau métier, reprenant le nom de “technicien en physiothérapie”, intermédiaire entre aide-soignant et kiné, explique Dominique Acker. Sous réserve d’avoir le diplôme du premier et une partie de la formation du second, cela permet de pratiquer certains actes en établissement de soins ou pour personnes handicapées. » Onze d’entre eux ont choisi cette voie. Autres pistes ouvertes par décrets : la création d’un autre métier, « aide à l’autonomie des personnes âgées », ou encore l’accès à des postes administratifs ou techniques et à ceux de la petite enfance.

Un nouvel emploi parfois moins rémunéré

« Une difficulté est que les techni­ciens en physiothérapie étaient passés en catégorie B par négociation, alors que leur diplôme ne correspond pas au niveau bac comme cela doit être le cas », commente la conseillère. Leur nouvel emploi étant parfois dissocié de leur grade, et donc moins rémunéré, l’Etat compense leur perte de salaire jusqu’à ce qu’il ait retrouvé son ancien niveau. Mais il a aussi fallu composer avec le manque de mobilité de ces personnes, jamais sorties de leur bassin d’emploi, n’ayant pas eu de formation continue et persuadées, à 55 ans, d’être « finies ».

« Pour certaines, nous avons fait émerger une autre vision de la vie, assure Dominique Acker. Nous avons organisé des formations sur place, avec l’école d’aides-soignants de Rumilly et celle de kiné de Grenoble-Sud. » Quasiment tous ont suivi une formation, diplômante pour un quart d’entre eux (3 500 euros/ agent).

Début mars 2011, 30 agents avaient pris leur retraite et 4 avaient démissionné pour un projet personnel. Tous les autres, sauf deux, étaient en poste. Pour un tiers dans le soin ou la petite enfance, un tiers dans des services administratifs, et les autres dans des filières technique ou d’animation.

« C’est difficile de les faire accepter dans l’administration, parce qu’ils y sont débutants et que l’Etat supprime plutôt des postes », admet la conseillère. Il a donc fallu élargir le périmètre des recherches, et certains travaillent à Lyon, Annecy, Grenoble… « D’ici à la fin de ma mission, en juin, je vais essayer de les rapprocher d’Aix », promet-elle. Autre « difficulté non résolue » : la souffrance de certains, pour laquelle l’accompagnement des psychologues de l’Afpa « n’a pas porté ses fruits ». Ils refusent même de « voir leur nom associé à celui des Thermes », assure l’un d’eux.

Projet de développement pour les thermes

Pendant ce temps, redressée jusqu’à frôler l’équilibre en 2010, l’entreprise a été rachetée, le 15 février dernier, par le groupe Valvital. Celui-ci en fait son “vaisseau amiral”, maintient l’effectif (286 ETP) et va investir 15 millions d’euros pour restructurer les locaux, créer une résidence de tourisme et un spa, et monter une “Académie Valvital”. Le CE a voté en faveur de ce dossier de reprise, « le seul que l’Etat nous ait présenté, lance Gilles Noblanc, nouveau délégué syndical CGT. Mais cela correspond à un vrai projet de développement, avec une garantie d’emplois. On compte là-dessus ».

Auteur

  • V. V.-L.