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Enquête

Impliquer l’ensemble des salariés

Enquête | publié le : 22.03.2011 | CATHERINE DE COPPET

A la SNCF, un poste sur deux engage la sécurité des salariés ou des usagers. La société a développé une politique de prévention centrée sur l’implication de salariés volontaires, mais aussi et surtout de l’encadrement.

A la SNCF, l’essentiel de la prévention des risques liés aux addictions (alcool, drogues illicites, médicaments) est assuré par… des salariés ! Structurée depuis 2005, cette politique a succédé à des initiatives de prévention contre l’alcoolisme, menées localement dans les établissements.

« Une mission nationale a été créée sur l’alcool, raconte Sylvie Botrel, chargée de la prévention du risque alcool et autres toxiques au sein du département prévention et santé au travail de l’entreprise. La mission a ensuite été élargie aux produits psychoactifs, et nous avons formalisé le dispositif, via un document d’entreprise élaboré par un groupe de travail issu du CNHSCT, à disposition de tous. »

Concrètement, la SNCF a retenu le principe de groupes de prévention de salariés volontaires, les « groupes de prévention du risque alcool et autres toxiques » (GPRAT), composés de 5 à 10 personnes. « Il n’a pas été facile de trouver du monde, d’autant que l’idée était de ne pas avoir que des personnes ayant vécu elles-mêmes ces problèmes », indique Sylvie Botrel.

Deux formateurs ont été recrutés pour assurer les cinq journées de formation des salariés à chaque création de groupe. L’objectif est d’expliquer ce que sont les addictions, quelles sont leurs conséquences, quels comportements elles induisent et quels sont les moyens à disposition pour orienter un salarié malade.

400 groupes pour 250 établissements

Aujourd’hui au nombre de 400 pour quelque 250 établissements, ces groupes sont par ailleurs suivis par 23 “animatrices”, des infirmières chargées d’établir un plan d’actions et de définir les moyens à dégager pour assurer le bon fonctionnement des groupes. De leur côté, les encadrants sont formés par les “conseillers sécurité prévention” des établissements, quel que soit leur niveau hiérarchique, au rythme d’une journée par an. « L’objectif est que ceux-ci sachent prévenir les risques d’addiction et gérer les situations problématiques », précise Sylvie Botrel. Quelque 1 300 managers sont ainsi formés chaque année.

La prise en charge du salarié malade dépend en effet beaucoup de l’encadrant : c’est à lui de repérer les problèmes, de maintenir le salarié dans le collectif de travail, de l’orienter si nécessaire vers la médecine du travail, les services sociaux de l’entreprise, les associations internes compétentes, voire les GPRAT. En cas de situation problématique, l’encadrant peut retirer un salarié de son poste, celui-ci pouvant également en faire la demande. Un retrait plus ou moins prolongé en fonction de l’avis du médecin du travail. Un accord entre le salarié et son responsable encadre ensuite s’il y a lieu la prise en charge médicale, avec un retour progressif au poste, sur proposition et contrôle du médecin du travail.

Des interventions ponctuelles de spécialistes

En 2011, les encadrants devraient bénéficier du soutien d’une équipe de spécialistes (médecins, formateurs, etc.) qui interviendront à la demande : « Il s’agit de les aider à comprendre la trajectoire d’une personne tombée dans l’addiction », souligne Sylvie Botrel. Quant au dépistage, seuls sont concernés les postes engageant la sécurité, soit la moitié des effectifs (75 000 personnes environ), en vertu de l’arrêté “aptitude” de 2003. Effectué par analyse d’urine lors d’une visite médicale annuelle, ce dépistage s’est révélé positif dans moins de 1 % des cas. Aucune sanction spécifique n’est par ailleurs prévue pour les comportements addictifs, même en cas de faute professionnelle consécutive. « Notre but est de prévenir les comportements addictifs, souligne Sylvie Botrel. Un message qu’il est parfois difficile de faire comprendre à l’encadrement, qui pense qu’il s’agit de contrôler les salariés, et non de les aider. »

Selon la CGT, les comportements addictifs sont de fait souvent traités en conseils de discipline et sanctionnés par des avertissements. « A force d’enlever des moyens aux établissements, les bonnes intentions de la direction en terme de prévention restent lettre morte », déplore Robert Le Roy, responsable de la délégation CGT au CNHSCT.

Pour le moment, la SNCF ne dispose que de peu de moyens pour évaluer/mesurer l’application de sa politique de prévention sur le terrain : la DRH vérifie chaque année que les établissements intègrent bien dans un document révisé en CHSCT ces éléments de prévention.

SNCF

• Activité : transport et logistique.

• Effectif : 53 000 salariés pour SNCF Infra (exploitation et gestion du réseau, maintenance et ingénierie). Près de 235 000 salariés pour tout le groupe.

• Chiffre d’affaires : 24,9 milliards d’euros en 2009.

Auteur

  • CATHERINE DE COPPET