Vincent Wackenheim, Le Dilettante, 224 pages, 17 euros.

Comment passe-t-on d’un atelier activation-motivation pour cadres seniors à une cellule de prison ? Via un business pour le moins obscur est une réponse aussi simple que morale. Sauf que, dans ce récit rocambolesque, les stagiaires ne font finalement qu’appliquer les conseils que leur a fournis la consultante : s’appliquer à prendre la gueule de l’emploi qu’ils recherchent. Nos sept candidats à l’emploi, qui d’entrée de jeu leur est décrit comme quasi introuvable, retroussent donc leurs manches. Utilisant leurs réseaux comme on le leur a conseillé, ils se retrouvent à la tête d’un commerce florissant de fausses identités qui leur rapporte largement de quoi vivre. Pour ce faire, ils adoptent consciencieusement la gueule de l’emploi.

« Ça avait tout de suite commencé bizarre » est la première phrase du récit. Et pour notre plus grand plaisir, la tentative de reconversion de ces demandeurs d’emploi continuera de manière encore plus bizarre. Mais au-delà de la farce, c’est aussi de l’emploi dont il est question et de l’institution en charge de gérer les chômeurs dans un parcours souvent illusoire vers un emploi trop rare.

La solution trouvée par nos protagonistes est-elle vraiment plus absurde que ce parcours illogique de Pôle emploi vers des promesses de reconversions bidon, en passant par des séances collectives de deuil de l’emploi perdu et des mises en commun de réseaux ? Si tromperie il y a, ne consiste-t-elle pas dans cette logique du simulacre à laquelle les chômeurs sont trop souvent conviés.