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Les pratiques

La santé des salariés suivie à la trace chez Solvay

Les pratiques | publié le : 01.03.2011 | VIRGINIE LEBLANC

Avec le développement de sa propre base informatique destinée à enregistrer les données de santé et d’exposition de ses salariés, le groupe de chimie belge fait figure de pionnier.

« Dès 1999, nous nous demandions comment organiser la traçabilité et comment la suivre à l’échelle du groupe, relate Geneviève Thiaucourt, médecin coordinateur au sein du groupe Solvay. Nous avions des outils locaux et nous étions confrontés à des pratiques diverses en fonction des pays et à des exigences réglementaires différentes. » Sans référence sur laquelle s’appuyer, Solvay (17 000 collaborateurs dans 40 pays, près de 2 900 salariés en France) aura consacré dix années de travail aux études de faisabilité et à la recherche d’un partenaire informatique pour construire un outil d’usage international multilingue et compatible avec des usages locaux.

Un outil de prévention et de suivi

L’outil en question, dénommé Medexis (Medical Exposure Information System), est une base informatique SAP permettant la gestion d’informations au service des hygiénistes et médecins du travail, qui comprend des données d’exposition et des données médicales. Destiné à assurer le même niveau de prévention et de protection des salariés, il rendra également possible l’élaboration d’études épidémiologiques et le suivi des accidents et incidents.

A ce jour, seules quelques centaines de salariés sont enregistrées dans une dizaine de sites dans le monde. Plus globalement, ce processus fait partie des 25 objectifs prioritaires du groupe pour la période 2008-2012, échéance au-delà de laquelle Medexis devrait avoir couvert la plupart des sites. En France, où trois sites en sont dotés jusqu’à présent – Tavaux (39), Dombasle (54) et Chevigny-Saint-Sauveur (21) –, il a commencé à être utilisé en avril 2010.

Une traçabilité individuelle

« La grande nouveauté réside dans la traçabilité individuelle, souligne Geneviève Thiaucourt. L’idée étant pour le salarié de savoir, à la fin de sa vie professionnelle, quelles expositions à risque il a rencontrées dans sa carrière, d’en mesurer l’intensité et la durée, et de bien identifier les niveaux de protection dont il a bénéficié. »

« Dans le secteur de la chimie, nous avons un devoir absolu de sécurité et de santé au travail, souligne Antoine Pams, DRH de Solvay en France. Notre préoccupation première est de connaître la vérité si une pathologie se déclenche. Avec l’outil Medexis, le croisement des données permettra de savoir si un salarié se trouve dans des conditions similaires à celles qui ont entraîné une maladie professionnelle chez un autre salarié. La science évolue, et on ne va pas nier une découverte intervenant des années après le départ d’un salarié. On pourra chercher quels services auront pu être impacté, et alerter des retraités. »

Pour alimenter la base SAP, des formations sont proposées aux médecins, qui restent indépendants et libres de participer à son alimentation. Mais aucun n’a refusé à ce jour.

Les dangers inventoriés ont trait aux substances, aux vibrations et au bruit. Les caractéristiques toxicologiques et réglementaires des substances sont aussi recensées, tout comme les niveaux d’exposition et de protection aux risques chimiques, biologiques et ergonomiques au poste de travail. Le suivi médical des salariés est aussi consigné. Les médecins peuvent avoir accès aux données d’exposition disponibles à partir de 2000.

Données personnelles relatives à la santé oblige, l’utilisation de Medexis est précédée d’une déclaration à la Cnil, réalisée par chaque site, et le projet a également été soumis au conseil national de l’Ordre des médecins. Les partenaires sociaux, quant à eux, ont été informés dans le cadre d’un comité d’entreprise européen, d’un CCE en France et de CHSCT de sites.

Droit d’accès aux données

Un salarié demeure libre de ne pas être enregistré et il dispose d’un droit d’accès et de rectification aux données le concernant. Un encryptage des données médicales en circulation garantit leur sécurisation. En outre, l’exploitation de la base sous forme personnalisée n’est possible que par le médecin du travail, et l’exploitation collective est anonymisée.

Le coût annuel d’utilisation est en moyenne de 55 euros par salarié.

Auteur

  • VIRGINIE LEBLANC