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Enquête

Un encouragement aux transitions soft

Enquête | publié le : 22.02.2011 | LAURENT POILLOT

Le fabricant de semi-conducteurs est à l’initiative de plusieurs pôles de mobilité régionaux. Vocation de ces services interentreprises : imaginer sans risque un changement de carrière.

C’est en 2004 que l’idée de monter un pôle de mobilité régional (PMR) – service externalisé d’orientation et d’appui à la reconversion – est venue à Thierry Denjean, le DRH France de STMicroelectronics. A l’époque, la fermeture du site de fabrication de Rennes entraîne la suppression de 428 postes : « L’entreprise avait proposé de reclasser tous les salariés dans les régions de Rousset (13) ou de Grenoble. Mais très peu étaient mobiles, y compris les ingénieurs et cadres. Les évolutions qui traversent les entreprises sont devenues si rapides que les salariés hésitent à bouger des territoires. D’où la nécessité d’agir à cette échelle le plus en amont des risques de restructuration, et de donner aux personnes les moyens de maîtriser leur avenir professionnel. »

Un accompagnement poussé

Le premier PMR est monté en 2005 à Grenoble. D’abord réser­vé aux salariés de STMicro-electronics, il associe des entreprises voisines dès 2007 (Capgemini, HP et Radiall, et depuis peu Soitec). Il propose aux salariés qui ont un projet de mobilité d’avoir un entretien de positionnement avec un consultant, hors de l’entreprise et hors temps de travail. Une fois validé, celui-ci est soumis à un comité de suivi, où sont associés les syndicats signataires d’accords GPEC des entreprises. Si son projet passe la rampe, le salarié bénéficie d’un accompagnement plus poussé, proposant des prestations de conseil et d’assistance, plutôt qu’une aide financière.

En quatre ans, 833 personnes ont été accueillies, dont 90 % issues de STMicroelectronics, et 343 ont changé de quotidien. Mais seulement 21 pour se reconvertir dans l’entreprise ; 7 autres ayant pris un temps partiel pour occuper un autre emploi. « Il peut sembler plus logique de s’adresser à son management ou au service RH pour discuter d’un changement de poste », interprète Thierry Denjean, qui souligne la difficulté de reconvertir en interne des salariés ayant une forte ancienneté dans un emploi très spécialisé. Le plus souvent, l’accompagnement a servi à créer une entreprise (155 projets) ou à changer d’employeur (89 projets) ; 71 salariés se sont engagés dans une formation de reconversion. L’initiative a fait des petits : depuis six mois à Aix-en-Provence et prochainement à Tours. STMicroelectronics constitue à chaque fois une association, soutenue par l’union locale de la métallurgie, appelant 4 000 euros d’adhésion par entreprise – hors financement des accompagnements individuels. Un quatrième pôle pourrait bientôt voir le jour à Paris.

STMicroelectronics fonde tout sur la GPEC. Son accord de 2006 lui sert à déterminer les conditions d’accès aux accompagnements, les populations éligibles aux aides – celles dont les emplois sont amenés à évoluer – ainsi que les moyens engagés.

Eviter les ruptures

« Les pôles permettent d’éviter les situations de rupture car ils ne répondent pas à une situation d’urgence, fait remarquer André Granier, délégué CFDT. Néanmoins, le PMR a également géré les deux plans de départs volontaires de la filiale ST-Ericsson. Les gens ont franchi le pas car cette structure bien installée fait preuve de professionnalisme. Ceci dit, nous ne voulons pas qu’elle soit utilisée à des fins de plan social. »

STMicroelectronics a jusqu’ici garanti le retour dans l’entreprise en cas de rupture d’une période d’essai ou d’un dépôt de bilan dans les douze mois suivant la création de l’activité. Dans les faits, les projets ayant fonctionné, très peu ont été réintégrés.

STMICROELECTRONICS

• Activité : conception et fabrication de semi-conducteurs.

• Effectif : 10 000 personnes (France).

• Chiffre d’affaires groupe : 8 milliards d’euros (2010).

Auteur

  • LAURENT POILLOT