Gilles Lecointre,L’Archipel, 214 pages, 17,95 euros.

Gilles Lecointre, partant du constat que le néolibéralisme est condamné à court terme parce qu’il appauvrit les travailleurs et surtout exclut nombre d’entre eux, suggère de recentrer l’économie sur le travail en garantissant un emploi pérenne. A cette fin, il propose de créer un nouveau type de contrat de travail : le Celte, ou contrat d’emploi à long terme, qui remplacerait à la fois les CDI et les CDD.

Première étape pour ce faire : inscrire la ressource humaine au rang des actifs de l’entreprise plutôt que de la considé­rer comme une dépense à minimiser. Seconde condition : assurer la formation de tous ceux sortis sans diplôme de leur parcours initial, en leur accordant un crédit formation supérieur à celui distribué aux diplômés. C’est alors la formation, l’engagement à la mobilité et… la peur du coût d’une rupture anticipée qui découragerait la tendance à recourir à l’emploi jetable.

Seul problème, et il est de taille, cette forme de contrat au long cours paralyserait la capacité du salarié à changer d’entreprise, dans la mesure où toute demande de rupture du contrat, justifiée par le seul désir d’aller voir ailleurs, supposerait qu’il indemnise l’entreprise quittée d’une somme équivalente au montant des sommes restant à couvrir.

On peut se demander quel salarié mécontent de ses conditions de travail aurait ainsi les moyens de se « racheter » auprès de son patron. En d’autres temps, cela ne s’appelait-il pas le servage ?

Gilles Lecointre est professeur à l’Essec et Pdg d’Intercessio, spécialisé dans la transmission d’entreprise.