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Les pratiques

Sophia Antipolis rattrape son déficit d’attractivité

Les pratiques | Retour sur… | publié le : 08.02.2011 | LAURENT POILLOT

La technopole espère récolter en 2011 les fruits de son projet de GRH mutualisée. Porté par la CCI de Nice-Côte d’Azur avec l’appui de douze acteurs, l’objectif est de savoir mieux recruter à l’international et de susciter des échanges d’expériences, sans coûts supplémentaires pour les entreprises.

Septembre 2009. Alors que Sophia Antipolis célèbre son 40e anniversaire, des centaines de salariés de la technopole, regroupant 1 500 entreprises spécialisées dans les TIC et les sciences du vivant et employant 30 000 personnes, manifestent contre les restructurations annoncées dans plusieurs grandes entreprises locales. On parle alors d’un risque de 700 destructions d’emplois sur ce territoire couvrant 7 communes de la Côte d’Azur.

La crise économique est venue mettre en lumière les lacunes de la technopole européenne, en recherche d’un nouveau souffle depuis l’éclatement de la bulle Internet. Concurrencée par les pôles de compétitivité proches, à Grenoble et à Turin, Sophia Antipolis pâtit aussi de ses difficultés de déplacements urbains et de son offre immobilière inabordable. Ces problèmes n’avaient cependant pas échappé à une vingtaine de DRH de la technopole qui, deux mois plus tôt, le 1er juillet 2009, jetaient les bases d’un groupement destiné à éviter une fuite des cerveaux.

Leur démarche, intitulée e-DRH, entre aujourd’hui en phase opérationnelle. Objectif : fournir aux entreprises qui le souhaitent un sourcing mutualisé, une aide aux démarches administratives pour l’immigration et le logement, et de la formation.

Attirer les meilleurs

Au départ, il y a un rapport d’Ernst & Young, Sophia vision, commandé début 2009 par le Club des dirigeants de Sophia Antipolis pour tracer un plan stratégique à dix ans. Ses recommandations tiennent en sept axes dont un, RH, appelait à « attirer et retenir les meilleurs ». Dont acte : la CCI Nice-Côte d’Azur, désignée pour porter le projet avec l’agence de marketing Team Côte d’Azur, choisit pour chef d’orchestre du projet e-DRH son responsable emploi-formation, Jean-Charles Amoroz. « Je n’ai eu qu’à me mettre à l’écoute des DRH, raconte cet ancien DRH de Generali. Je voulais surtout que les services ne coûtent rien aux entreprises. » Il s’appuie alors sur 12 relais pour structurer son projet : le Club des DRH, la fondation de Sophia Antipolis, l’association des PME de microélectronique Same, celle des entreprises relevant des TIC, Telecom Valley… Il trouve également ses soutiens en dehors de Sophia, notamment auprès du laboratoire de pharmacie animale Virbac (3 000 salariés dont un millier en France), qui a contribué aux projets de formation d’e-DRH.

Gain en visibilité

Pour améliorer l’attractivité de la technopole, e-DRH s’est penché sur l’accompagnement aux mobilités internationales : par l’obtention de visas, de logements et d’un emploi pour le conjoint. Il se monte en effet chaque année 1 200 dossiers d’introduction de main-d’œuvre étrangère. Dans ce but, la CCI a jeté des ponts avec la préfecture, l’office de l’immigration (OFII), les prestataires de relocation, l’Apec et la Fnaim, afin de disposer d’un service de visas plus rapide, d’instruire une veille réglementaire et d’éditer un guide sur le logement et la mobilité. En outre, elle a levé 20 000 euros auprès des réseaux patronaux pour être visible auprès du MIT de Boston et du salon de recrutement Research, à Paris. « Nous avons trouvé 1 200 candidats en huit mois par ce moyen », se félicite le chargé de projet.

Trois outils web lui ont facilité la tâche. Il s’agit de cote-azur-ecobiz.fr, plate-forme des acteurs économiques locaux, sur laquelle 150 acteurs de la fonction RH sont référencés ; de guidedulogement06.com, site édité par la CCI à destination des actifs ; et de Sophiacareers.com, outil de sourcing développé et administré gracieusement par la SSII Mac2c, opérationnel depuis fin 2010. Quarante entreprises s’y sont inscrites, pour une dizaine d’offres déposées à la fin décembre. Son originalité : le candidat ne dépose pas de CV. Il renseigne un formulaire appelant des réponses par domaine d’activité, de compétences et de connaissances techniques. Si les réponses coïncident avec les critères de l’offre, il reçoit automatiquement un mail. Libre à lui de donner suite. Aucun frais d’annonce, aucune CVthèque à gérer. L’entreprise ne reverse que 3 euros par “push” qualifié à la SSII. Ces trois sites sont, depuis fin janvier, regroupés sous <edrh06.com>.

L’ACHAT MUTUALISE DE FORMATIONS DIVISE LEUR COÛT PAR CINQ

• Outre des informations sur le recrutement, le logement et l’activité économique du département, le site <edrh06.com>, propose des formulaires d’inscription en ligne à des formations collectives. Sur ce site, le responsable de formation d’une entreprise proposera des actions courtes pour une dizaine de stagiaires, après avoir monté le cahier des charges et sélectionné l’organisme de formation. Il supervisera les inscriptions. De son côté, le prestataire rédigera les conventions comme pour une action interentreprises. Le principe a été testé avec succès pour des formations en management, développement personnel et gestion du stress auprès de 18 sociétés (200 stagiaires). « Nous avons divisé les coûts individuels par cinq, comparés à des modules sur catalogue des principaux acteurs du marché », garantit Jean-Charles Amoroz.

Auteur

  • LAURENT POILLOT